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Les Mères Qui Ne Protègent Pas Leurs Enfants Contre Les Violences Sexuelles: S’attaquer Au Problème Du Déni

La violence sexuelle est la forme de maltraitance d’enfants qui connaît la croissance la plus rapide. La plupart des violences sur enfants prennent la forme d’incestes commis par des pères et des beaux-pères. Les tribunaux et les législateurs ont tenté de s’attaquer à ce grave problème de société en étendant la responsabilité pénale au-delà des auteurs mêmes pour inclure les membres de la famille qui n’interviendraient pas pour mettre fin à la violence. […]

Le déni est un état psychologiquement incapacitant que certaines mères éprouvent lorsqu’elles sont confrontées à la possibilité que leurs enfants soient agressés sexuellement par leurs partenaires. Le déni peut entraver la capacité d’une mère de reconnaître, ou même de savoir consciemment, qu’une telle agression se produit, l’empêchant ainsi d’intervenir pour protéger son enfant ou ses enfants. Même face à des preuves évidentes que son partenaire agresse son enfant, une mère qui est dans le déni peut simplement rester les bras croisés et permettre à cette violence de se poursuivre, souvent pendant plusieurs années. Le traitement juridique de telles situations est même compliqué par des éléments d’études selon lesquels le plus grand préjudice causé à l’enfant n’est pas tant causé par la violences sexuelle elle-même, mais plutôt par le fait que la mère ne le reconnaisse pas ou ne le croie pas quand son enfant l’en informe.

Dans la première partie, j’aborderai l’aspect psychologique du déni et la façon dont il empêche les mères d’intervenir pour protéger leur enfant des violences sexuelles au sein de la famille.

[…]   

Je maintiens que les mères qui sont véritablement dans le déni de la maltraitance de leur enfant ne devraient pas être systématiquement poursuivies pénalement. On devrait plutôt leur offrir le choix de participer à des programmes de traitement psychiatrique au lieu de les poursuivre. Cette approche, selon moi, est la plus bénéfique pour l’enfant et la mère

MÈRES DANS LE DÉNI   

Dans cette section, je décrirai les causes et les manifestations du déni chez les mères et leur impact sur leurs enfants. Bien qu’un traitement exhaustif du phénomène psychologique du déni lui-même dépasse le cadre de la présente note, il est important de comprendre la base du sujet afin d’analyser les implications, les effets juridiques et sociétaux du cas des mères confrontées à la maltraitance de leurs enfants.   

A)  Causes et manifestations du déni chez les mères   

 Le déni est un mécanisme de défense psychologique qu’une personne utilise pour éliminer les réalités pénibles et les sentiments douloureux qu’elles provoquent. Dans le cas d’une mère qui est dans le déni de la maltraitance de son enfant, le déni la protège de la douleur d’être au courant de l’agression, du sentiment de colère et de trahison envers son partenaire agresseur, et du sentiment de culpabilité de ne pas avoir protégé son enfant. D’une certaine manière, elle peut être consciente que des violences se produisent, mais, pour conjurer ces sentiments et peut-être pour ne pas mettre en danger son mariage, elle niera leur réalité.   

 Le déni d’une mère concernant les agressions perpétrées par son partenaire peut être aggravé par sa dépendance à l’égard de son partenaire. Roland Summit explique : En tant que personne largement dépendante de l’approbation et de la générosité du père, la mère placée dans le triangle incestueux est confrontée à un dilemme qui la divise : Soit l’enfant, soit le père ment et s’avère donc indigne de confiance.

Pour une mère, sécurité et capacité d’adaptation dans la vie, de même qu’estime de soi, supposent une confiance en son partenaire. Accepter qu’il puisse en être autrement signifie l’anéantissement de la famille et aussi d’une grande partie de sa propre identité.   

Elle peut être paniquée à l’idée de devoir tenter de subvenir aux besoins de sa famille, en particulier si elle n’a pas eu l’occasion d’exercer ses compétences dans des domaines matériellement rémunérateurs. Pourtant, même la mère qui subvient aux besoins de sa famille, y compris parfois aussi à ceux d’un partenaire au chômage, refuse quelquefois de s’attribuer le mérite des tâches qu’elle accomplit et a souvent le sentiment que son partenaire la protège d’une manière ou d’une autre de la crise.                                

En conséquence, elle peut avoir peu confiance en sa capacité à faire face à la vie seule, et être susceptible de montrer mêmes penchants pour le déni que les femmes qui dépendent financièrement de leurs partenaires.       

L’incapacité de certaines mères à faire face à la maltraitance de leurs enfants peut également découler du fait d’avoir été elles-mêmes victimes d’inceste.

Les stratégies d’adaptation qu’elles ont élaborées pour faire face aux propres violences subies peuvent inhiber leur capacité à faire face à l’agression sur leurs enfants. Il peut également être difficile pour ces femmes d’accepter le fait qu’elles aient laissé leurs filles être victimes des mêmes violences qu’elles.     

Certaines mères maintiennent leur état de déni même face aux signes les plus évidents d’agressions incestueuses. Les indices sont souvent présents bien avant que l’inceste ne commence réellement. Le comportement paternel avant l’inceste peut se manifester par l’insistance d’un père à dormir près de sa fille, ses tentatives pour la voir nue, ou encore essayer de s’exhiber devant elle et multiplier de façon inhabituelle les occasions d’avoir des contacts physiques.

Une fois que l’agression sexuelle a eu lieu, les victimes présentent souvent des symptômes physiques et comportementaux clairs. Pourtant, même face à ces signes évidents, certaines mères continuent de refuser de croire qu’il y a agression sexuelle. Dans certains cas, elles peuvent même blâmer leurs filles pour l’inceste.

Par exemple, une jeune fille qui était continuellement agressée sexuellement par son père a essayé de le dire à sa mère à plusieurs reprises, mais a été stoppée à chaque fois. Finalement, une fois, quand son père était absent, elle a montré à sa mère des photographies pornographiques d’elle-même prises par son père.

Les photos ont momentanément ébranlé la mère dans ses convictions mais, néanmoins, elle a finalement accepté la négation de l’inceste par le père. La mère et le père ont rejeté hostilement leur fille, la qualifiant de « traître à la famille ». Comme la jeune fille a catégoriquement insisté sur le fait que ces agressions incestueuses avaient eu lieu, elle a été placée dans une famille d’accueil.

Enregistré lors d’une séance de thérapie par la chercheuse Karin Meiselman, le dialogue suivant illustre bien le niveau de déni qu’une mère peut opposer :        

Fille : Tu ne comprends pas comment nous aurions pu le faire…. Mère : Non, un-unh. Non.
Fille : Nous sommes allés aux poubelles et sommes sortis par les broussailles ! Tout droit dans le pâturage des vaches ! D’accord, vous étiez partis ! Tout le monde était loin de la maison ! Nous l’avons fait aussi dans votre lit ! Nous l’avons fait dans mon lit ! Nous l’avons fait dans la salle de bains, sur le sol … Nous l’avons fait au sous-sol ! Dans ma chambre en bas, et aussi dans la pièce de la chaudière ! …
Mère : Je n’arrive pas à y croire, je ne peux tout simplement pas …. Fille : Maman …. Mère : Je ne vois pas comment quelque chose comme ça aurait pu arriver et pourquoi tu me traites de cette façon. Fille : Parce que…… Mère : Après tout ce que j’ai fait pour toi ! J’ai essayé d’être une mère pour toi, j’ai essayé d’être une mère respectable, et tu accuses ton père de quelque chose de si horrible, c’est…
Fille : Maman, c’est vrai ! Tu dois le croire… Mère : [À la thérapeute] C’est ma fille, je l’aime, mais je ne peux pas croire à tout ça…

Après réflexion, beaucoup de mères qui passent du déni à l’acceptation du traumatisme de l’agression incestueuse se rendent compte que leurs filles avaient essayé de leur parler de l’agression d’une manière ou d’une autre. Souvent, les mères sont capables de se remémorer et d’isoler les comportements qui se sont produits lorsque l’agression sexuelle a commencé, mais qui n’ont pas éveillé leurs soupçons à l’époque. 

B. Les effets du déni d’une mère sur la victime

 L’état de déni de la mère a des répercussions sur la victime bien au-delà de la durée des violences. En effet, des études indiquent que le déni par une mère d’une agression incestueuse peut, en plus d’aggraver le traumatisme causé, avoir des effets psychologiques plus dommageables que l’agression lui-même.

Une victime d’inceste sur une longue durée a été hospitalisée pour une dépression sévère avec des caractéristiques psychotiques. La thérapie a révélé plus tard que le problème le plus gênant pour elle n’était pas les conséquences psychologiques de l’agression incestueuse, mais plutôt la colère qu’elle nourrissait envers sa mère pour en avoir été témoin à plusieurs reprises, et néanmoins avoir, par la suite, nié avoir été au courant lors des audiences au tribunal.

Des études, qui ont tenté d’établir un lien entre le degré de soutien maternel aux enfants victimes de violences sexuelles et les conséquences pour ces enfants, ont révélé que les enfants qui n’ont reçu aucun soutien parental présentent des troubles émotionnels beaucoup plus importants que les enfants qui avaient un certain soutien. Une étude a révélé que les enfants présentaient plus de troubles du comportement lorsque leurs mères réagissaient à la divulgation par la colère et la punition. Une autre étude fait apparaître que les symptômes chez les enfants qui ont dû faire face à des réactions négatives de la part de leurs parents sont deux fois plus élevés.

Ces effets délétères issus directement du déni d’une mère, associés à l’effet indirect qu’est la possibilité donnée aux violences de se poursuivre, peuvent laisser penser que les mères dans le déni devraient être tenues pénalement responsables de l’agression sexuelle commise par leur partenaire. De nombreux États ont pris cette direction, comme décrit dans la partie II. Cependant, je soutiens que le traitement par des soins, plutôt que l’incarcération, est la meilleure approche du problème, tant pour l’enfant que pour la mère.


Traduction de courtoisie par Sylvie depuis Yale – Christine Adams – p519 à 524

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