
les signes du stress post-traumatiques
Pour le savoir, il faut en connaître les signes.
Je m’en souviens encore comme si c’était hier. C’était fin 2015, et pour la première fois de ma vie, je me sentais complètement brisée.
Alors que j’avais un emploi où les autres se fiaient à moi, un partenaire qui prenait soin de moi et un blog en ligne qui marchait, j’étais toujours dans un état constant de panique et d’anxiété exacerbée. Tous les matins, je me réveillais et l’impact était quasi immédiat. Mon corps et mon cerveau étaient la source de mes humeurs qui oscillaient comme un pendule. N’arrivant plus à maintenir une façade, je me suis peu à peu retirée du monde.Je n’ai pas réussi à identifier ce qu’il se passait, mais je savais que quelque chose clochait.
Un soir de fin novembre, alors que je franchissais la porte après le travail, le téléphone a sonné. Ma mère était à l’autre bout du fil, me posant des questions tranchantes et intrusives, ce qui n’était pas inhabituel dans notre relation tendue. J’ai pleuré au téléphone en implorant un peu de répit, en lui demandant d’arrêter, quand quelque chose s’est déclenché. Pour la première fois de ma vie, j’ai pris pleinement conscience de ce qui se passait dans mon corps.
Et j’ai su que j’avais besoin d’aide. La maladie mentale a toujours fait partie de mon histoire familiale, mais pour je ne sais quelle raison, je pensais y avoir échappé. J’ai commencé à comprendre que ce n’était pas le cas.Ce n’est qu’en 2015, lorsque j’ai commencé à travailler avec une équipe de thérapeutes spécialisés en traumatologie, que j’ai finalement compris que je souffrais en fait de syndrome de stress post-traumatique complexe, une forme différente du SSPT, en plus de la dépression.Lors de la première consultation, ils m’ont posé des questions sur la régulation de mes émotions, les altérations de la conscience, les relations avec les autres et mon enfance. Cette consultation m’a permis de faire un retour en arrière et de faire le point sur le nombre d’incidents traumatiques qui ont eu lieu dans ma vie.
Enfant, mon estime personnelle était continuellement bafouée car mes parents passaient leur temps à me faire douter de moi et à me critiquer ; je ne semblais rien pouvoir faire correctement car, selon eux, je n’étais pas assez mince ou pas assez « féminine ». Cette violence psychologique m’a accablée durant de nombreuses années.
Ces sentiments de culpabilité et de honte sont réapparus lorsque, à mon 30ème anniversaire, j’ai été victime d’un viol.Ces expériences se sont imprimées dans mon cerveau, formant des cheminements qui ont affecté ma manière de vivre mes émotions et de me relier à mon corps.
Carolyn Knight explique dans son livre » Working with Adult Survivors of Childhood Trauma » qu’un enfant ne devrait pas avoir à se confronter à la violence. Lorsqu’il y a violence, l’enfant n’est pas psychologiquement en mesure d’y faire face. Les adultes qui font partie de leur vie sont censés être des modèles en matière de régulation des émotions et doivent fournir un environnement sécurisant.
Dans mon enfance, je n’ai pas eu ce type de modèle. En fait, beaucoup d’entre nous ne l’ont pas eu. En travaillant de concert avec mes thérapeutes en traumatologie, j’ai réalisé que je n’étais pas seule et que la guérison de ce type de traumatisme était possible.Au début, c’était difficile d’accepter que j’avais subi un traumatisme. Longtemps, le cinéma et la télévision m’ont laissé croire, à tort, que seules certaines expériences menaient au SSPT. Il s’agissait de soldats qui avaient été les témoins directs de la guerre, ou de personnes qui avaient vécu un événement traumatisant, comme un accident d’avion. En d’autres termes, ça ne pouvait pas me concerner.
Mais au fur et à mesure que j’ai commencé à intégrer mon diagnostic, j’ai compris les différents aspects du SSPT et du SSPT Complexe, et comment les stéréotypes ne reflétaient pas la réalité. Le trauma est beaucoup plus vaste que ce que nous avons tendance à imaginer. Il a le pouvoir de laisser une empreinte à vie sur le cerveau, que nous en soyons conscients ou non. Et jusqu’à ce que l’on nous donne les outils et les mots pour définir clairement ce qu’est un traumatisme et comment il nous affecte, comment pouvons-nous commencer à nous reconstruire ?
En m’ouvrant au sujet de mon diagnostic, j’ai commencé à faire des recherches sur les différences entre le SSPT et SSPT Complexe. Je voulais en apprendre davantage, non seulement pour moi-même, mais aussi pour pouvoir avoir des discussions ouvertes et honnêtes avec ceux qui n’en connaissent peut-être pas les différences. Ce que j’ai découvert, c’est que, même si les deux peuvent sembler similaires, il existe de grandes différences.Le SSPT est un état de santé mentale déclenché par un seul événement traumatique de la vie. Une personne ayant reçu un diagnostic de SSPT est une personne qui a été témoin d’un événement ou qui a participé à un événement traumatique et qui, par la suite, vit des flashbacks, des cauchemars et une anxiété grave en rapport à cet événement. Les événements traumatiques sont parfois difficiles à définir. Certains événements peuvent ne pas être aussi traumatisants pour certaines personnes que pour d’autres.
Selon le »Centre for Addiction and Mental Health », le traumatisme est une réaction émotionnelle durable qui résulte du vécu d’un événement bouleversant. Mais cela ne signifie pas pour autant que les traumatismes ne peuvent pas être chroniques et continus, et c’est là que l’on découvre des cas de SSPT Complexe. Pour les personnes comme moi, atteintes de SSPT Complexe, le diagnostic est différent de celui du SSPT, mais cela ne rend pas les choses moins difficiles.
Les personnes ayant reçu un diagnostic de SSPT ont souvent été victimes de violences extrêmes et de stress sur une longue période de temps, notamment des sévices durant l’enfance ou des violences physiques ou psychologiques prolongées.
Bien qu’il y ait beaucoup de similitudes avec le SSPT, les symptômes diffèrent notamment en ce qui concerne :
- les périodes d’amnésie ou de dissociation
- les difficultés dans les relations
- les sentiments de culpabilité, de honte ou de manque d’estime personnelle
Cela signifie que le traitement n’est en aucun cas identique.
Bien qu’il y ait des différences distinctes entre SSPT et SSPT Complexe, plusieurs symptômes, en particulier la sensibilité émotionnelle, peuvent être confondus avec le trouble bipolaire et le trouble de la personnalité limite. De nombreuses personnes ont ainsi fait l’objet d’un diagnostic erroné. Lorsque j’ai rencontré mes thérapeutes en traumatologie, ils ont expliqué que la désignation de SSPT Complexe était encore relativement récente. De nombreux professionnels commençaient à peine à la reconnaître.
En lisant les symptômes, j’ai ressenti un certain soulagement. Tout ce temps, j’ai eu l’impression d’être perdue et de ne pas être normale, en raison de mon sentiment de honte et de culpabilité. Mais grâce à ce diagnostic, j’ai commencé à comprendre que ce que je vivais était en fait un grand nombre de sentiments qui éveillaient ma peur, ma réactivité et mon hypervigilance – autant de réactions tout à fait logiques en présence de traumatisme prolongé.
C’est la première fois que j’ai ressenti que je pouvais non seulement améliorer mes relations aux autres, mais aussi que je pouvais enfin libérer mon corps de ce traumatisme et entreprendre les changements salutaires dont j’avais besoin pour vivre ma vie.Je sais, par expérience, à quel point la vie avec SSPT Complexe peut être effrayante et nous isoler. Mais au cours de ces trois dernières années, j’ai réalisé qu’il est possible de ne plus vivre dans le silence.
Jusqu’à ce qu’on m’ait donné les techniques et outils pour gérer mes émotions et les déclencheurs, je ne savais pas vraiment comment m’aider ou comment aider ceux qui m’entouraient à le faire. Le processus de reconstruction n’a pas été facile pour moi personnellement, mais il a été réparateur, et je sais que je le mérite. Le traumatisme se manifeste dans notre corps – émotionnellement, physiquement et mentalement – et ce cheminement a été ma façon de le libérer enfin.
Il existe un certain nombre d’approches différentes pour traiter le SSPT et le SSPT Complexe. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est une forme populaire de traitement, bien que certaines études aient montré que cette approche ne fonctionne pas forcément pour tous les cas de SSPT. Certaines personnes ont également eu recours à la désensibilisation par mouvements oculaires (EMDR) et à des thérapies par la parole.
Chaque programme thérapeutique sera différent en fonction de ce qui convient le mieux aux symptômes de chaque personne. Peu importe ce que vous choisissez, la chose la plus importante à retenir est de choisir un traitement qui vous convient – ce qui signifie que votre cheminement peut ne ressembler à aucun autre.
Non, la route n’est pas vraiment droite, courte ou facile. En fait, c’est souvent confus, pénible et difficile. Mais vous serez heureux et en meilleure santé à long terme. Et c’est ce qui fait que le travail de reconstruction est si important.
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Traduit par courtoisie : Healthline
Merci d’avoir traduit et publié cet article, ainsi que tous les autres sur le SSPT complexe. Cette approche des troubles est trop peu connue. A ma grande surprise après 20ans de suivis thérapeutiques divers et de grosses difficultés, et pas de souvenir de traumatisme en particulier, je suis suivie pour SPPT complexe par une thérapeute qui connaît bien mon cocktail particulier par ailleurs (haut potentiel, TDAH, hypersensibilité, traits asperger). J’étais très étonnée de son diagnostic. Mais j’ai déjà trouvé en 3mois une qualité de vie inconnue jusqu’alors, du coup je me dis que c’est dommage que ce ne soit pas plus connu, parceque les symptômes sont vraiment très culpabilisant et humiliants. La dissociation c’est assez terrible comme sensation. Je recommande l’épisode 135 du podcast « tranfert » de Slate.fr intitulé « après la tempête » qui en parle super bien. Merci.