Aimer Un Survivant

traumatisme relationnel complexe

L’impact Des Traumatismes De L’enfance Sur Les Relations

Les survivants de traumatisme dans l’enfance méritent toute la sérénité et la sécurité qu’une relation amoureuse peut apporter. Mais les antécédents de violence ou de négligence peuvent rendre terrifiante l’idée de faire confiance aux autres. Essayer d’établir une relation intime peut mener à des faux-pas et à la confusion.

Comment mieux comprendre l’impact du trauma? Comment aider les survivants à trouver amour, amitié et soutien pour leur partenaire et eux-mêmes ?

Comment les survivants composent avec leur traumatisme?

Qu’il s’agisse d’un traumatisme physique, sexuel ou émotionnel, les répercussions se manifestent par toute une multitude de problèmes relationnels. Les survivants sont souvent convaincus, au fond d’eux-mêmes, qu’on ne peut faire confiance à personne, que l’intimité est quelque chose de dangereux et que, pour eux, un vrai attachement amoureux est un rêve impossible. Beaucoup pensent être salis, pas assez bien, indignes d’amour. Ces pensées sont désastreuses pour leurs relations tout au long de leur vie.

Lorsque les relations de la petite enfance sont une source de peur paralysante, ou lorsque l’absence, l’insécurité et les liens chaotiques font que ces personnes se sentent seules et impuissantes, le cerveau doit trouver des moyens pour y faire face. Un enfant peut se raccrocher à des pensées telles que :

– Ne fais pas confiance, tu n’es pas en sécurité !

– Ne demandes pas de soutien, ne sois un fardeau pour personne !

– Ne t’attarde pas sur ce que tu ressens, oublie !

Ce fonctionnement peut aider une victime à s’en sortir quand la douleur au quotidien est insupportable et que son besoin premier est de survivre. Mais il ne permet pas à l’adulte en devenir de donner un sens à son monde intérieur, ni d’apprendre à grandir et à établir des relations avec les autres. Même si la victime rencontre un partenaire fiable et aimant au cours de sa vie, les scénarios auto-limitatifs restent en elle. Elle ne peut pas simplement s’en débarrasser et tout recommencer. Ces leçons de vie sont tout ce dont elle dispose pour survivre au meilleur de leurs capacités.

Percevoir l’impact du traumatisme sur le comportement et l’humeur

Bien souvent, les survivants de traumatismes répètent leurs expériences d’enfant auprès d’un partenaire insensible ou violent (….). Cela se produit souvent sans même qu’ils soient en mesure de comprendre pourquoi ils se sentent attirés par des relations malsaines. La compulsion qui pousse à revisiter ces traumatismes non résolus afin de pouvoir ‘’réparer’’ les choses se fait de manière inconsciente. Il va sans dire qu’on ne peut panser les blessures de l’enfance de cette façon à moins que les deux partenaires soient désireux de travailler ensemble à la modification de ces cycles de répétition. Mais si ces pulsions ne sont pas identifiées, les survivants peuvent se retrouver pris dans un cycle de violence.

Même auprès d’un partenaire de confiance, un survivant peut :

  • Souffrir de dépression
  • Développer un comportement compulsif, un trouble de l’alimentation ou une addiction pour essayer de réguler ses émotions
  • Avoir des flashbacks et des crises de panique
  • Douter continuellement de lui-même
  • Avoir des pensées suicidaires
  • Rechercher ou adopter le comportement abusif qu’il a subi enfant

Les partenaires de survivants souhaitent souvent désespérément les aider. Mais ces partenaires doivent « comprendre clairement que ce n’est pas à vous de régler le problème et que vous n’avez pas le pouvoir de changer un autre être humain », dit Lisa Ferentz, LCSW dans un post adressé aux partenaires de victimes. ‘’Sachez plutôt que vous méritez tous deux d’avoir accès à des ressources pour vous aider à trouver réconfort et guérison.’’

Constater les effets du traumatisme sur les relations interpersonnelles

Il est important de reconnaître les traumatismes non traités comme facteurs dynamiques dans la relation intime. Les émotions sont exacerbées, les soucis sont amplifiés et il semble impossible de communiquer de manière constructive. Les raisons pour lesquelles les problèmes se complexifient sont :

  • Des réactions excessives face aux problématiques relationnelles courantes
  • Des désaccords provoqués par les émotions
  • Un retrait ou un comportements distant, sans réaction
  • Une aversions à l’égard des conflits et une incapacité à discuter des problèmes
  • La certitude que le partenaire est contre nous alors que ce n’est pas le cas
  • Des doutes persistants au sujet de l’amour et de la fidélité du partenaire
  • Des difficultés à recevoir l’amour, malgré le fait d’être régulièrement rassuré.

Dans une relation, le passé traumatique n’est pas simplement l’affaire d’une personne. Tout ce qui touche un des partenaires a une incidence sur l’autre et sur la relation. Avec le soutien d’un thérapeute, les partenaires peuvent commencer à apprendre à démêler les problèmes. Beaucoup ne se rendent même pas compte qu’ils ont vécu des expériences traumatisantes.

La thérapie axée sur les traumatismes aide les couples à réaliser qu’ils ont été victime de violence ou de négligence traumatique, et à voir la façon dont cela les affecte encore ainsi que les répercussions sur leurs relations actuelles. Le thérapeute fournit des informations spécifiques pour que les couples puissent séparer les problèmes passés des problèmes actuels. Le processus de progression est d’autant plus facile lorsque l’on combine des séances individuelles et un travail en couple.

La thérapie va donner aux partenaires les outils pour partager, ce que d’autres thérapeutes et moi-même appelons, une éducation psychologique – apprendre à comprendre l’histoire de l’autre, comment elle influence la relation et comment il est possible de traiter les pensées et émotions de façon plus saine.

DE L’IMPORTANCE, POUR LE SURVIVANT ET SON PARTENAIRE, DE VEILLER SUR SOI

Les survivants et leurs partenaires ont des besoins différents en matière de soutien. Comment faut-il réagir lorsque l’un est aux prises avec des troubles de stress post-traumatique ? Comment calmer les choses lorsque les émotions envahissantes se déclenchent ?

Une thérapie est nécessaire afin que le couple puisse trouver les réponses qui lui conviennent le mieux. Voici cependant quelques conseils d’ordre général à l’intention des survivants et de leurs partenaires :

  • Créez un système de soutien solide pour chacun d’entre vous et pour la relation.
  • Consacrez du temps à votre famille et aux amis qui voient votre relation d’un œil positif et vous respectent, vous et la personne que vous aimez.
  • Trouvez un thérapeute spécialisé en traumatologie pour vous guider en tant que couple ou en tant qu’individu dans vos efforts pour mieux vous comprendre et mieux comprendre l’autre.
  • Trouver du soutien en dehors de la thérapie, tels que les groupes de soutien. Prenez le temps de vous instruire en psychoéducation.
  • Renseignez-vous sur les traumatismes, les techniques pour prendre soin de soi telles que la pleine conscience. Un bon exemple est la « bulle de couple » de Stan Taktin. Il s’agit d’une aide visuelle pour aider les partenaires à devenir un couple plus stable et plus fonctionnel. S’entourer d’une bulle imaginaire « signifie que le couple reste vigilant, en public et en privé, pour se protéger mutuellement à tout moment. Ni l’un ni l’autre doit être laissé trop longtemps à l’écart, du moins pas sans réparation. De cette façon, tout le monde s’en sort beaucoup mieux. »

CONSEILS EN MATIÈRE DE COMMUNICATION À L’INTENTION DES PARTENAIRES DE SURVIVANTS

Établir une relation harmonieuse avec un survivant implique de beaucoup travailler sur la communication. Le fait de vivre des problèmes relationnels peut exacerber la peur et peut déclencher des flashbacks chez une personne ayant subi des traumatismes. Apprendre à maîtriser la communication aide les couples à retrouver le calme et à se soutenir au fur et à mesure que leur compréhension des traumatismes s’accroît. Les couples peuvent :

  • Observer pour déterminer quand se calmer ou prendre du recul lorsque les émotions s’intensifient
  • Pratiquer la pleine conscience pour se sensibiliser et identifier les déclencheurs
  • Élaborer quelques phrases clés pour s’ancrer dans le présent et réorienter la conversation, par exemple : « On ne pourrait pas ralentir un peu ? « On dirait qu’on est en train de se déclencher. On peut essayer de comprendre ce qui se passe entre nous ? » « Je me demande si on n’est pas en train de retourner pas dans nos vieux schémas. » « Je pense qu’on devrait en parler en thérapie. » « Est-ce qu’on peut essayer de se concentrer sur ce qui se passe pour nous? »

La communication peut également aider à réconforter l’autre pendant les flashbacks. Les techniques à utiliser sont les suivantes :

  • Rappeler à la personne qu’elle est en sécurité.
  • Attirer son attention sur l’ici et le maintenant (en mentionnant la date, le lieu et tout son ou image présent).
  • Offrir un verre d’eau peut aider à stopper un flashback. (Cela active les glandes salivaires, qui à leur tour stimulent le cortex préfrontal régulateur du comportement.)

Guérir les blessures de l’enfance demande de fournir un travail attentif et assidu. Mais il est possible de remplacer peu à peu les anciennes schémas.

Trouver un thérapeute capable de déceler et de reconnaître la blessure que la victime porte seule depuis si longtemps est un élément déterminant pour réparer les blessures profondes. Les partenaires peuvent décider de travailler individuellement avec un thérapeute personnel spécialisé en traumatologie, tout en travaillant avec un autre thérapeute pour le couple, qui leur apportera les outils dont ils ont besoin. Lorsque le survivant arrive enfin établir un lien de confiance avec un thérapeute, puis avec son partenaire, la relation de couple peut également favoriser une guérison profonde.

Plus nous comprenons l’impact des traumatismes, plus nous pouvons aider les personnes qui en souffrent à aller au-delà de la survie pour vivre la quiétude bienfaisante que procurent des relations amoureuses plus saines.

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