QU’EST-CE QU’UN TROUBLE DISSOCIATIF ?
Q : Quel est le lien entre traumatisme et dissociation ?
Le SSPT est étroitement lié aux troubles dissociatifs. En fait, la plupart des personnes atteintes d’un trouble dissociatif souffrent également du SSPT. Le coût des troubles traumatiques est extrêmement élevé pour les individus, les familles et la société. Des recherches récentes suggèrent que les personnes atteintes de troubles traumatiques peuvent tenter de se suicider plus souvent que les personnes souffrant de dépression majeure. La recherche montre également que les personnes atteintes de troubles traumatiques ont des maladies médicales plus graves, consomment de l’alcool et/ou autres drogues, et ont des comportements auto-destructeurs.
Q : Qu’est-ce que la dissociation ?
La dissociation est une déconnexion entre les pensées, les souvenirs, les sentiments, les actions ou le sentiment d’identité d’une personne. C’est un processus normal que tout le monde a vécu. Parmi les exemples de dissociation légère et courante, mentionnons la rêverie, l’hypnose routière ou le fait de se » perdre » dans un livre ou un film, qui impliquent tous de » perdre le contact » avec la conscience de son environnement immédiat.
Q : Quand la dissociation est-elle utile ?
Au cours d’une expérience traumatisante comme un accident ou un désastre, la dissociation peut aider une personne à tolérer ce qui serait autrement trop difficile à supporter. Dans ce genre de situation, une personne peut dissocier le souvenir du lieu, des circonstances ou des sentiments à l’égard de l’endroit, des circonstances ou des sentiments à l’égard de l’événement bouleversant, fuyant mentalement la peur, la douleur et l’horreur. Cela peut rendre difficile de se souvenir plus tard des détails de l’expérience.
Q : Qu’est-ce qu’un trouble dissociatif ?
Les traumatismes continus tels que les mauvais traitements, la violence, la guerre, ne sont pas des événements ponctuels. Pour les personnes exposées de façon répétée à ces expériences, la dissociation est une capacité d’adaptation extrêmement efficace. Cependant, cela est à double tranchant. Elle peut protéger de la prise de conscience de la douleur à court terme, mais pour une personne qui se dissocie souvent , à long terme, ses souvenirs et son identité en sont impactés. Pour certaines personnes, la dissociation est si fréquente qu’il en résulte dans les pathologies graves, des difficultés relationnelles et une incapacité de fonctionner, en particulier lorsqu’il s’agit de situations stressantes.
Q : Qui est atteint de troubles dissociatifs ?
Jusqu’à 99 % des personnes qui développent des troubles dissociatifs ont des antécédents de traumatisme répétitif dans l’enfance. Ils peuvent aussi en avoir hérité biologiquement, avoir une prédisposition à la dissociation. Dans notre culture, la cause la plus fréquente des troubles dissociatifs est la violence physique, émotionnelle et sexuelle extrême dans l’enfance.
Q : Comment se développe un trouble dissociatif ?
Lorsqu’il est confronté à une situation accablante à laquelle il n’y a pas d’échappatoire physique, un enfant peut apprendre à « s’en aller » dans sa tête. Les enfants utilisent généralement cette capacité comme moyen de défense contre la douleur physique et émotionnelle, ou la peur de cette douleur. En se dissociant, les pensées, les sentiments, les souvenirs et les perceptions du traumatisme peuvent être séparés dans le cerveau. Cela permet à l’enfant de fonctionner normalement. Cela se produit souvent lorsque aucun parent ou adulte de confiance n’est disponible pour arrêter la douleur, apaiser et prendre soin de l’enfant au moment de l’épisode traumatique. Le parent/soignant peut être la source du traumatisme, négliger les besoins de l’enfant, être une co-victime ou ne pas être au courant de la situation.
Q : Comment les troubles dissociatifs aident-ils les gens à survivre ?
Les troubles dissociatifs sont souvent appelés une technique d’autoprotection ou de survie parce qu’ils permettent aux individus de supporter des circonstances » sans espoir » et de préserver un fonctionnement sain. Pour un enfant qui a été agressé physiquement et sexuellement à plusieurs reprises, cependant, la dissociation devient une défense renforcée et conditionnée.
Q : Si c’est une technique de survie, qu’est-ce que c’est le côté négatif ?
En raison de son efficacité, les enfants qui sont très habitués à se dissocier peuvent automatiquement l’utiliser lorsqu’ils se sentent menacés, même si la situation anxiogène n’est pas extrême ou abusive. Même si les circonstances traumatisantes sont passées depuis longtemps, le modèle de dissociation défensive qui subsiste demeure parfois jusqu’à l’âge adulte. La dissociation défensive habituelle peut entraîner de graves dysfonctionnements à l’école, au travail, dans les activités sociales et quotidiennes.
Q : Comment se développent les identités du trouble dissociatif?
Jusqu’à l’âge de huit ou neuf ans environ, les enfants sont prêts à s’adonner à des jeux de fantaisie, par exemple lorsqu’ils créent et interagissent avec des « amis » imaginaires. Lorsqu’ils sont soumis à un stress extrême, les jeunes enfants peuvent faire appel à cette capacité spéciale de développer un « caractère » ou un « rôle » dans lequel ils peuvent s’évader lorsqu’ils se sentent menacés. Une thérapeute a décrit cette situation comme n’étant rien de plus qu’une petite fille qui s’imagine sur une balançoire au soleil plutôt qu’aux mains de son agresseur. La dissociation répétée peut donner lieu à une série d’entités distinctes, ou d’états mentaux, qui peuvent éventuellement prendre des identités qui leur sont propres. Ces entités peuvent devenir les « états de personnalité » internes. Le passage d’un état de conscience à l’autre est souvent décrit comme un « changement ».
Q : Les gens ont-ils réellement des « personnalités multiples » ?
Oui, et non. »Personnalités multiples » est un terme trompeur. La personne se sent comme si elle avait en elle deux entités ou plus, chacune ayant sa propre façon de penser et de se souvenir d’elle-même et de sa vie. Auparavant, ces entités étaient souvent appelées « personnalités », même si le terme ne reflétait pas exactement la définition commune du mot. D’autres termes souvent utilisés par les thérapeutes et les survivants pour décrire ces entités : « personnalités alternées », « parties », « états de conscience », « états d’ego » et « identités ». Il est important de garder à l’esprit que même si ces états alternatifs peuvent sembler très différents, ils sont tous des manifestations d’une personne unique et entière.
Q : Est-ce visible quand une personne change de personnalité ?
Contrairement aux représentations populaires de la dissociation dans les livres et les films, la plupart des personnes atteintes d’une maladie dissociative travaillent fort pour cacher leur dissociation. Ils peuvent souvent si bien fonctionner, surtout dans des circonstances contrôlées, que les membres de la famille, les collègues de travail, les voisins et les autres personnes avec qui ils interagissent quotidiennement peuvent ne pas savoir qu’ils sont chroniquement dissociatifs. Les personnes atteintes de troubles dissociatifs peuvent occuper des emplois à haute responsabilité et contribuer à la société dans une variété de professions, dans les arts et dans la fonction publique.
Q : Quels sont les symptômes d’un trouble dissociatif ?
Les personnes atteintes de troubles dissociatifs peuvent souffrir des troubles suivants : dépression, sautes d’humeur, pensées ou tentatives suicidaires, troubles du sommeil (insomnie, terreurs nocturnes et somnambulisme), crises de panique et phobies (flash-back, réactions aux souvenirs du trauma), alcool et toxicomanie, symptômes psychotiques et troubles alimentaires. De plus, les personnes peuvent éprouver des maux de tête, des amnésies, des pertes de temps, des transes et des » expériences hors du corps « .
Q : Pourquoi les troubles dissociatifs sont-ils souvent mal diagnostiqués ?
Les survivants ayant des troubles dissociatifs passent souvent des années à vivre avec un mauvais diagnostic. Ils passent d’un thérapeute à l’autre et d’un médicament à l’autre, obtenant un traitement pour les symptômes, mais faisant peu ou pas de progrès réels.
Q : Quels sont les diagnostics erronés les plus courants ?
Les erreurs de diagnostic courantes comprennent le trouble déficitaire de l’attention (surtout chez les enfants), en raison de difficultés de concentration et de mémoire ; le trouble bipolaire, parce que le » changement » peut ressembler à des sautes d’humeur à cycle rapide ; la schizophrénie ou les psychoses, parce que les flash-back peuvent causer des hallucinations auditives et visuelles ; la toxicomanie, car l’alcool et les drogues sont fréquemment utilisés pour se soigner ou engourdir la douleur psychique.
Q : Quels autres problèmes de santé mentale sont-elles susceptibles d’avoir ?
Les personnes atteintes de troubles dissociatifs peuvent avoir d’autres problèmes de santé mentale décelables en même temps. Il s’agit généralement de la dépression, du syndrome de stress post-traumatique, des crises de panique, des symptômes obsessionnels compulsifs, des phobies et des comportements autodestructeurs tels que l’auto-mutilation, les troubles de l’alimentation et les comportements sexuels à haut risque.
Q : Peut-on guérir les troubles dissociatifs ?
Oui. Les troubles dissociatifs répondent bien à la psychothérapie individuelle, ou » thérapie par la parole « , et à d’autres traitements, y compris les médicaments, l’hypnothérapie et la thérapie par l’art ou le mouvement. Le traitement est de longue durée, intensif et douloureux, car il implique généralement de se souvenir et de reprogrammer les expériences.
Sources
Traduit et adapté depuis sidran.org