POURQUOI J’AI GARDÉ LE SECRET PENDANT 20 ANS
10 RAISONS POUR LESQUELLES LES ENFANTS NE RÉVÈLENT PAS LES AGRESSIONS SEXUELLES
J’étais une jeune adulte la première fois que j’ai dit à une figure d’autorité que j’avais subi des violences sexuelles. La réaction a été loin d’être idéale.
« Si votre enfance était si mauvaise, pourquoi avoir attendu jusqu’à maintenant pour en parler à quelqu’un ? »
L’assistante sociale qui m’a posé cette question manquait totalement de sensibilité et n’était pas particulièrement douée dans son travail. Néanmoins, elle avait raison. J’ai gardé le secret sur mes sévices sexuels pendant 20 ans. Les agresseurs sexuels comptent sur le secret avec leurs victimes.
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les enfants ne parlent pas à quelqu’un de leur agression ?
Voici dix raisons, ainsi que des expériences de victimes, qui expliquent pourquoi les enfants gardent le secret.
Ils ne savaient pas qu’il s’agissait d’un acte de violence.
Un agresseur sexuel prend son temps pour se frayer un chemin dans la zone de confort d’un enfant. Souvent, il se trouve déjà dans la sphère de confiance. Il peut être, par exemple, un membre de la famille, un membre du clergé ou un enseignant. Les violences débutent généralement par des gestes acceptables.
« Les sévices que j’ai subis dans mon enfance ont commencés à l’heure des histoires, des petits frottements de dos et des câlins avec mon père. Qu’y a-t-il de plus innocent que cela ? » – Toni C.
Ils ne se souviennent pas des agressions.
L’une des réponses les plus courantes au traumatisme est de l’oublier. Ces souvenirs s’enfouissent jusqu’à ce qu’un événement extérieur déclenche le retour des souvenirs chez la victime. Ce réveil des souvenirs peut se produire à tout moment dans la vie du survivant. Il se peut aussi qu’il ne se produise pas du tout.
« J’avais 17 ans lorsqu’un cauchemar a fait surgir le souvenir de l’agression sexuelle commise par une baby-sitter qui s’était occupée de moi quand j’avais 6 ans. – Toni C.
Ils pensent que l’agression est de leur faute.
L’agresseur fait porter la responsabilité de l’acte à la victime. Le fait de blâmer la victime donne à l’agresseur non seulement le sentiment que ses actes sont justifiés, mais contribue aussi à la faire taire. Si un enfant a l’impression d’avoir participé à un acte répréhensible, il est peu probable qu’il le dise à qui que ce soit de peur d’être puni.
« Mon agresseur m’a dit qu’il voulait résister, mais que j’étais trop tentant. Je ne savais pas ce qu’était la tentation. Je pensais que j’avais fait quelque chose de mal et que c’était cela qui avait provoqué l’agression ». - Anonyme
Ils ont peur de parler à qui que ce soit de ces violences
Les agresseurs utilisent des tactiques de torpeur pour faire taire les enfants sur les violences sexuels. Ils peuvent menacer de blesser ou de tuer l’enfant, ou les personnes que l’enfant aime.
« Mon père me disait que si j’en parlais, il agresserait ma sœur. Je ne savais pas qu’il disait la même chose à ma sœur . – Anonyme
Ils ont honte des agressions
Les victimes de sévices sexuels ont honte de ces violences. Lorsqu’une victime ose en parler, on lui pose des questions difficiles et embarrassantes et on lui fait subir des examens physiques invasifs. Tout cela ne fait qu’ajouter au fardeau de la honte.
« Quand j’avais 13 ans, ma mère m’a demandé avec désinvolture : « Tu te souviens de cette chose qui s’est passée avec ton père quand tu étais petite ? Est-ce que ça va ? » J’ai tout de suite su de quoi elle parlait, et ça m’a fait honte. J’ai rapidement dit que j’allais bien et j’ai changé de sujet. Elle ne m’a plus jamais demandé ». - Toni C.
Ils ne font confiance à personne avec leur secret
Même dans les cas où un enfant aimerait révéler son secret, il se peut qu’il n’ait personne à qui le confier en toute sécurité. Dans ce cas, le choix le plus sûr pour un enfant maltraité est de se taire.
« J’avais l’habitude de poser juste quelques mots avec quelqu’un en qui je pensais pouvoir avoir confiance. C’était ma façon de les tester. Ça n’a jamais bien tourné, alors je n’ai jamais révélé mon grand secret à personne. » - Toni C.
Ils ne veulent pas faire de mal à ceux qu’ils aiment
La plupart des agressions se produisent à proximité ou au sein du foyer. Pour qu’un adulte puisse se rapprocher d’un enfant, il faut qu’on lui fasse confiance. Cela signifie que l’enfant a vu une relation amicale, voire amoureuse, entre son agresseur et d’autres personnes de son entourage.
« J’ai voulu le dire dès que je me suis souvenu de l’agression sexuelle. Mais je ne pouvais pas me résoudre à briser ma famille comme ça ». - Jaz G.
Ils pensent qu’ils le méritent
La violence sexuelle est parfois utilisée comme forme de punition. Les enfants sont punis par des figures d’autorité qu’ils respectent. Si une personne qu’ils respectent leur dit qu’ils méritent cette punition, ils la croient.
« Je regardais les autres enfants heureux et me demandais ce que j’avais fait pour être si différent d’eux. Je pensais à toutes les mauvaises choses que j’avais faites et je me demandais si c’était la cause de ces agressions sexuelles ». – Toni C.
Ils n’ont pas la terminologie pour le dire
Les enfants ne savent généralement pas grand-chose de la sexualité. Il se peut qu’ils soient trop jeunes pour comprendre ce que c’est. Cela peut aussi être dû au fait qu’ils n’ont pas été éduqués à ce sujet. Même s’ils en connaissent quelque chose, ils peuvent ne pas se rendre compte que ce qu’ils vivent est sexuel. Il se peut aussi qu’ils n’aient pas le vocabulaire ou les notions nécessaires pour exprimer ses expériences.
« J’avais 4 ans lors de mon premier souvenir d’agression. Je n’avais aucune idée de ce qui se passait. Je pensais que c’était juste une autre de ces choses bizarres que font les adultes ». – Toni C.
J’ai gardé la raison la plus importante pour la fin. C’est une crainte que partagent la plupart des victimes. Souvent, leurs agresseurs sont des personnes qui ont la confiance et l’amour de tous ceux qui entourent l’enfant. L’agresseur dira souvent à l’enfant que personne ne le croira. La victime verra fort probablement d’autres victimes se manifester dans les médias ainsi que les réactions d’incrédulité qui s’ensuivent.
« J’ai essayé de dire à la mère de mon amie que son mari m’avait tripotée. Elle a dit qu’il m’avait accidentellement frôlé. Elle a refusé d’en entendre plus et m’a exclue de la vie de mon amie ». – Anonyme
Que pouvez-vous faire pour nous aider ? Ce ne sont là que quelques-unes des raisons pour lesquelles les enfants peuvent ne pas en parler.
L’important est de se rappeler que toutes ces raisons sont valables. L’agresseur est celui qui est en tort, pas la victime. La meilleure chose que vous puissiez faire pour une victime d’agression sexuelle est d’être présent. Ne lui demandez pas pourquoi elle n’a rien dit. Écoutez-la simplement, et croyez-la.
Si je pouvais parler aujourd’hui à l’assistante sociale qui a mis ma parole en doute dans ma jeunesse, je lui dirais : « Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles je n’ai rien dit quand j’étais enfant et aucune d’entre elles n’a d’importance. Je le dis maintenant parce que mon histoire m’appartient. C’est à moi de choisir comment et quand la raconter ».
Sources
Traduction par courtoisie depuis Medium
Dix raisons qui ont fait mon silence…plus de 40 ans !!!! …moment où j’ai trouvé la bonne personne avec qui en parler en Confiance, respect, sans jugement…. Elle même a connu… Faut-il avoir vécu un drame, une maladie, …pour comprendre , et aider à lutter ? … Aujourd’hui enfin, elle m’a permis de le dire, déjà, et d’en parler pour aider, lutter…je sais enfin que je suis la victime , pas choisi!!!! 🙏🙏🙏🙏🙏🙏a elle …. 💭💭💭💭💭💭🐢