Révélation et réactions

révélations et réactions

EN PARLER

Révéler, à ses proches, l’inceste que l’on a subi est un moment pour le moins délicat. On l’évite, il fait peur, voire nous met dans un état de panique, empli de doutes, de questions, de projections des conséquences de nos paroles. On peut vouloir protéger les autres membres de la famille, voire parfois aussi l’auteur des faits… Mais il vient un moment, même des décennies après, où ce secret explose tel une bombe à retardement. Ce moment peut survenir lorsque l’on touche le fond, que le mal-être est à son paroxysme et que l’on ne plus faire semblant, que l’on ne peut plus le cacher. Ou alors ce peut être le résultat d’années de thérapie, lorsque l’on prend conscience des conséquences de ce que l’on a vécu; ou encore après un décès ou une naissance. Cela peut même parfois sortir , malgré nous, par ‘’accident’’ – une parole en trop, une altercation, un événement émotionnellement intense … et les paroles jaillissent … enfin.

Tant d’années à garder un si lourd secret, tant de questionnements…. Continuer à fréquenter l’agresseur ou s’exiler sans que nos proches ne comprennent pourquoi ? Comment se reconstruire, en voilant une part de nous- même et de notre histoire, sans libérer cette parole? Ou alors doit-on parler et devoir à nouveau affronter les sentiments de honte, de culpabilité, de peur ? Devoir refaire face aux souvenirs que nous tentons tant de ne pas nous remémorer et assumer les conséquences de nos paroles? Devoir faire face au rejet, la mise à l’écart, l’incompréhension et/ou la diffamation, lorsque l’on est finalement jugé non pas comme victime mais comme coupable des actes que nous avons subi. Une peine se rajoute à la liste – nouvelle condamnation et souffrance supplémentaire.

Pour ma part, les fantômes sont sortis du placard … 25 ans après la fin des faits … Ce n’est pas un sujet que l’on aborde ouvertement avec mon entourage proche. En fait, nous n’en avons pas vraiment reparlé depuis la révélation. Mais, lorsque j’entends les témoignages d’autres victimes, je considère que j’ai de la chance. Je n’ai plus à porter seule le poids de ce terrible secret qui nous a éloignés tant d’années. Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. Il a fallu environ 2 ans d’incompréhension de part et d’autre, pendant lesquels mes proches sont passés par des émotions similaires à celles d’un deuil : le choc, le déni, la douleur, la culpabilité, la colère, la dépression,etc. Pas forcément dans cet ordre, ni obligatoirement les mêmes réactions pour chacun d’entre eux. Mais j’ai la chance qu’ils en soient finalement arrivés au stade de l’acceptation. Et même si la porte du placard reste désormais fermée, je sais qu’ils ont réalisé, et qu’ils sont là.

Et pour vous ? Comment s’est passée la révélation avec vos proches ?

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