traumatisme et suppression de la mémoire

traumatisme et suppression de la mémoire

Résilience après un traumatisme : Le rôle de la suppression de la mémoire

La suppression de la mémoire peut aider après un traumatisme

Les thérapeutes se demandent depuis longtemps si les tentatives de supprimer volontairement l’intrusion des souvenirs de traumatismes sont utiles pour combattre les effets néfastes des traumatismes. Mary et al. ont observé les survivants des attentats terroristes de Paris de 2015 qui ont développé un trouble de stress post-traumatique et ceux qui n’en ont pas développé (voir Ersche). À l’aide de l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, ils ont étudié les réseaux neuronaux qui sous-tendent le contrôle et la suppression de la récupération de la mémoire. Les résultats suggèrent que les symptômes caractéristiques du trouble ne sont pas liés à la mémoire elle-même, mais à son contrôle mésadapté. Ces résultats offrent de nouvelles perspectives sur le développement du trouble de stress post-traumatique et des pistes de traitement potentielles.

Résumé structuré

INTRODUCTION

L’une des questions fondamentales en neurosciences appliquées est de savoir pourquoi certains individus peuvent faire face à des événements traumatiques, alors que d’autres restent traumatisés par un passé qui les hante et dont ils ne peuvent se débarrasser. L’expression et la persistance de souvenirs intrusifs, nets et angoissants, est une caractéristique centrale du trouble de stress post-traumatique (TSPT). La compréhension actuelle du SSPT lie cette persistance à l’incapacité de réduire la peur associée au traumatisme, un déficit qui trouve son origine dans le dysfonctionnement de la mémoire. Dans cette étude, nous avons cherché à savoir si ce déficit pouvait également être lié à la perturbation du système cérébral qui permet normalement de contrôler la mémoire.

ARGUMENT

Pour tester cette hypothèse en laboratoire, nous avons fait appel à des souvenirs intrusifs neutres et non agressifs associés à un indice de rappel dans un groupe de 102 personnes exposées aux attentats terroristes de Paris en 2015 et dans un groupe de 73 personnes non exposées (c’est-à-dire n’ayant pas vécu les attentats). Le groupe exposé était composé de 55 personnes souffrant de symptômes de SSPT (appelé SSPT+) et de 47 personnes ne présentant aucune incapacité perceptible après le traumatisme (appelé SSPT-). Nous avons utilisé l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle pour mesurer comment le cortex préfrontal dorsolatéral (DLPFC), un noyau central du système de contrôle du cerveau, a régulé et supprimé l’activité de la mémoire pendant la reviviscence de ces souvenirs intrusifs. Nous avons concentré nos analyses sur la dépendance fonctionnelle et causale entre les circuits neuronaux de contrôle et de mémoire lors des tentatives de suppression de la résurgence de ces souvenirs intrusifs.

RÉSULTATS

Chez les individus en bonne santé (SSPT- et non-exposés), les tentatives de prévenir l’émergence indésirable d’une mémoire intrusive dans la conscience ont été associées à une réduction significative du couplage fonctionnel entre les systèmes de contrôle et de mémoire, par rapport aux situations où le rappel ne déclenche pas une telle intrusion. En revanche, on a constaté la quasi-absence d’une telle diminution de la connectivité dans le cas du SSPT+. Des analyses supplémentaires axées sur la sensorialité des communications de flux neuronaux sous-jacents ont révélé que la suppression des souvenirs intrusifs chez les individus en bonne santé résultait de la régulation du DLPFC antérieur droit, qui réglait la réponse des processus de mémoire pour réduire leurs réactions. Cette régulation était notamment destinée à deux régions clés précédemment associées à la reviviscence de souvenirs traumatiques : l’hippocampe et le précuneus.

CONCLUSION

Nous avons observé une perturbation généralisée du signal de régulation qui contrôle la réactivation des souvenirs non désirés. Cette perturbation pourrait constituer un facteur central dans la persistance des souvenirs traumatisants, réduisant la capacité à déployer les ressources d’adaptation nécessaires au maintien d’une mémoire saine. Un tel déficit peut expliquer les tentatives de suppression inefficaces et inadaptées souvent observées dans les cas de SSPT. Notre étude suggère que les fonctions mentales générales habituellement enclenchées pour bannir et supprimer l’expression intrusive de souvenirs indésirables pourraient contribuer à une adaptation positive à la suite d’un événement traumatique, ouvrant ainsi la voie à de nouveaux traitements.

Mécanismes de suppression de la mémoire après un traumatisme.

(A) Il a été demandé aux personnes exposées, atteintes ou non de SSPT, de supprimer la reviviscence de souvenirs intrusifs neutres. (B) Les analyses ont porté sur les dépendances fonctionnelles et causales entre les systèmes de contrôle et de mémoire lors des tentatives de suppression. (C) Une diminution importante du couplage pour contrecarrer l’intrusion a été observée dans les groupes non exposés et souffrant de SSPT- mais pas dans le groupe SSPT+. (D) Cette diminution du couplage a été favorisée par une régulation descendante du traitement involontaire de la mémoire par le DLPFC concerné.

Traduit par courtoisie depuis AAAS

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