Soutenir un proche
Comment aider une victime d’inceste ?
L’inceste est l’un des traumatismes les plus profonds qu’une personne puisse subir. Ses répercussions s’étendent bien au-delà de la victime directe, affectant profondément l’entourage proche.
En tant que proche d’une victime d’inceste, votre rôle est crucial dans le processus de guérison et de reconstruction. Comprendre l’importance de votre soutien est la première étape pour aider efficacement.
Les victimes d’inceste font face à une multitude de défis émotionnels, psychologiques et parfois physiques. Elles peuvent ressentir de la honte, de la culpabilité, de la colère, de la dépression, et avoir des difficultés à faire confiance. Votre présence bienveillante et votre soutien constant peuvent faire une différence significative dans leur parcours de guérison.
Le soutien que vous apportez peut prendre de nombreuses formes : écoute active, validation des émotions, aide pratique dans la vie quotidienne, ou simplement être présent. Chaque geste compte et contribue à créer un environnement sécurisant où la victime peut commencer à se reconstruire.
Écoutez avec compassion
Offrez une oreille attentive et un cœur ouvert. Laissez la victime s’exprimer à son rythme sans la presser de donner des détails.
Créer un espace de confiance et assurez-vous que votre proche se sent en sécurité et respecté.e. L’écoute sans jugement est primordiale. Vous pouvez montrer que vous êtes attentif par votre langage corporel, vos hochements de tête et en évitant de l’interrompre. Ou vous pouvez exprimez votre compréhension et votre soutien avec des phrases comme « Je suis là pour toi » ou « Tu n’es pas seul(e) » qui peuvent être réconfortantes.
Croyez et validez
Prenez ce que dit la victime au sérieux et validez ses sentiments. La croyance en sa parole est un puissant catalyseur de guérison.
Reconnaissez la douleur et les émotions de la personne sans essayer de les corriger ou de les minimiser. Encourager l’expression en lui permettant de parler à son rythme, sans le/la presser ou lui poser des questions intrusives.
Respectez la confidentialité
Gardez les informations partagées par la victime privées
A moins que la victime souhaite ou accepte d’autres formes de soutien, assurez-vous que les conversations restent privées.
Encouragez l’aide professionnelle
Suggérez doucement de chercher un soutien professionnel, mais sans forcer la main.
Informer la victime sur les ressources existantes . Accompagner la dans les démarches, proposez votre présence lors de rendez-vous médicaux ou juridiques si elle le souhaite. Aidez là à trouver des professionnels spécialisés et des groupes de soutien/parole. Encouragez le/la à prendre ces décisions et soutenez ses choix qui doivent venir d’elle.
Informez-vous
Apprenez-en plus sur l’inceste et ses impacts pour mieux comprendre ce que vit la victime.
Consultez les sites d’information sur l’inceste et le trauma. Psycom , notamment, est un site d’information sur la santé mentale qui propose des guides et des ressources pour les aidants. Il existe également de nombreux ouvrages sur le soutien aux proches, des guides et livres dédiés au rôle d’aidant et à la gestion de leur propre santé mentale
Vous pouvez aussi vous former aux premiers secours en santé mentale (PSSM) pour apprendre à réagir efficacement aux situations de crise. Plusieurs lieux proposent ces formations, dont : PSSM France, INFIPP, Croix Rouge, Changer les mentalités, Santé Psy Jeune, etc.
La Croix Rouge propose un Guide des Premiers secours psychologiques que vous pouvez consulter en ligne.
Soyez patient
Comprenez que la re-construction peut impliquer des hauts et des bas. Soyez patient et évitez de montrer de la frustration.
Éviter les phrases comme « Cela va passer » ou « Sois fort(e) » qui peuvent sembler réductrices et ne pas reconnaître la complexité de ses sentiments. Offrez lui plutôt de l’aide pour les tâches ménagères ou autres responsabilités pour alléger son fardeau
Reconnaître ses limites
Il est essentiel pour vous et pour la victime accompagnée que vous preniez aussi soin de vous. Soyez conscient de vos propres émotions et de votre capacité à soutenir sans vous épuiser. Chercher du soutien, envisagez de rejoindre un groupe pour les proches de victimes d’inceste afin de partager vos expériences et apprendre des autres.
Prendre soin de soi
Lorsque vous soutenez une personne victime d’inceste, il est crucial de ne pas négliger votre propre bien-être. Le traumatisme vicaire, aussi appelé fatigue de compassion, est un risque réel pour les aidants. Voici quelques stratégies essentielles pour prendre soin de vous.
Reconnaissez vos limites
Soyez honnête avec vous-même sur ce que vous pouvez et ne pouvez pas faire.
Apprenez à dire non sans culpabilité lorsque c’est nécessaire.
Rappelez-vous que vous n’êtes pas responsable de « guérir » la victime.
Maintenez des frontières saines
Établissez des moments où vous n’êtes pas disponible pour offrir du soutien.
Créez un espace personnel où vous pouvez vous ressourcer.
Communiquez clairement vos limites à votre proche.
Pratiquez l’auto-compassion
Traitez-vous avec la même gentillesse que vous offrez à votre proche.
Acceptez que vous puissiez faire des erreurs ou vous sentir dépassé parfois.
Utilisez des affirmations positives pour renforcer votre estime de soi.
Engagez-vous dans des activités de bien-être
Pratiquez régulièrement des exercices de relaxation ou de méditation.
Maintenez une routine d’exercice physique adaptée à vos besoins.
Adoptez une alimentation équilibrée et un sommeil suffisant.
Cherchez votre propre soutien
Rejoignez un groupe de soutien pour les proches de victimes d’inceste.
Consultez un thérapeute pour traiter vos propres émotions et stress.
Parlez à des amis de confiance de ce que vous traversez.
Poursuivez vos propres intérêts
Continuez à pratiquer vos hobbies et passions.
Maintenez des relations sociales en dehors de votre rôle d’aidant.
Fixez-vous des objectifs personnels non liés à votre rôle de soutien.
Éduquez-vous
Apprenez sur le traumatisme et ses effets pour mieux comprendre ce que vous et votre proche traversez.
Assistez à des ateliers ou des webinaires sur le soutien aux victimes de traumatismes.
Pratiquez la pleine conscience
Apprenez à reconnaître vos propres émotions et réactions.
Utilisez des techniques de respiration pour gérer le stress dans le moment présent.
Prenez régulièrement des pauses pour vous recentrer.
Célébrez les petites victoires
Reconnaissez vos efforts et ceux de votre proche.
Appréciez les moments positifs, même s’ils semblent mineurs.
Tenez un journal de gratitude pour maintenir une perspective positive.
Planifiez des moments de répit
Organisez des périodes où quelqu’un d’autre peut prendre le relais du soutien.
Prenez des mini-vacances ou des journées de détente régulières.
N’hésitez pas à demander de l’aide quand vous en avez besoin.
Rappelez-vous que prendre soin de vous n’est pas égoïste, c’est nécessaire. En maintenant votre propre bien-être, vous serez mieux équipé pour offrir un soutien de qualité à votre proche sur le long terme. N’oubliez pas que vous aussi, vous méritez soin et compassion dans ce processus difficile.
Groupes de soutien et associations pour les proches
UNAFAM (Union Nationale de Familles et Amis de Personnes Malades et/ou Handicapées Psychiques) : Propose des groupes de soutien et des formations pour les proches.
Association Phare Enfants-Parents : Offre un soutien aux parents confrontés à la souffrance psychique de leur enfant.
France Victimes : Peut orienter les proches vers des associations locales qui offrent du soutien et de l’accompagnement.
Soutien personnel
Les psychologues peuvent également vous aider. N’hésitez pas à chercher un soutien individuel auprès d’e psychologues d’eux.
7 Cups est une application disponible en français qui offre un accès à des écoutes gratuites par des bénévoles et des thérapeutes professionnels.