C’est quoi un traumatisme ?

« Le traumatisme provoque une perte de connexion – avec nous-mêmes, avec nos corps, avec notre famille, avec les autres et avec le monde autour de nous. »

Bessel Van Der Kolk

Compréhension des Mécanismes du Traumatisme Psychologique

Mémoire traumatique vs mémoire autobiographique

La mémoire traumatique est distincte de la mémoire autobiographique normale. Elle encapsule les expériences traumatisantes, en particulier les abus violents.

Mécanisme de défense du cerveau

Face à un stress extrême, le cerveau peut entrer en « pilotage automatique ». Il va produire des sécrétions neurochimiques aux propriétés anesthésiantes et dissociatives. Le but étant de moduler l’intensité de la réponse émotionnelle immédiate.

Conséquences de la dissociation

Cela perturbe la conscience en provoquant des sensations d’irréalité ou de déconnexion ainsi que des troubles de la mémoire, y compris une amnésie partielle ou totale.

Caractéristiques de la mémoire traumatique

L’expérience est indicible, sans repères temporels et spatiaux. Elle est hypersensible et incontrôlable et est la source .des troubles psychotraumatiques.

Réactivation du trauma

Cela peut survenir sporadiquement, même des années après l’événement initial. L’expérience émotionnelle et sensorielle complète est ravivée.

Impact psychologique

La honte et la culpabilité sont renforcées par les messages de l’agresseur. Des mécanismes de survie (évitement, hypervigilance, besoin de contrôle) se développent.

Statistiques sur les troubles psychotraumatiques

Le risque général après un traumatisme est d’environ 24%, alors que le risque après des violences sexuelles durant l’enfance passe à 87%. (Rodriguez, 1997). Lorsqu’il s’agit plus précisément de l’inceste, ce même risque est de 100% (Lindberg, 1985)

Cela démontre l’importance de la prise en charge et d’une intervention précoce et adaptée cruciale pour minimiser les conséquences à long terme ce qui permettrait à son tour de favoriser la résilience et la guérison.

Stress post-traumatique

État de Stress Post-Traumatique (ESPT) / Trouble de Stress Post-Traumatique (TSPT)

Le trouble psychopathologique engendré suite à un événement traumatique est nommée l’ESPT ou TSPT, voire SSPT (Syndrome de Stress Post-Traumatique).

Les trois critères symptomatiques principaux sont :

– La reviviscence traumatique (souvenirs envahissants, cauchemars)

– L’évitement (des stimuli associés au traumatisme)

– L’hyperactivation (anxiété accrue, hypersensibilité à l’environnement)

Les facteurs influençant le développement et la sévérité du traumatisme sont :

– l’âge au moment du trauma

– la relation avec l’agresseur

– la fréquence et durée des abus

– la présence ou absence de soutien social

– la résilience individuelle

– l’accès aux soins et à la thérapie

Trouble de Stress Post-Traumatique Complexe (TSPTC)

A la différence du TSPT, le TSPTC survient en suite à des traumatismes répétés et prolongés, déclencheurs de réactions psychologiques sévères. Il est souvent lié à des traumatismes subis durant l’enfance.

Les symptômes additionnels sont :

– Des difficultés dans la régulation des émotions

– Des croyances négatives sur soi et les autres

– Des perturbations dans les relations interpersonnelles

Les impacts d’un traumatisme relationnel complexe sont vastes et varient considérablement d’une personne à l’autre. Les facteurs influençant les réponses individuelles sont :

– le tempérament de l’individu

– les ressources personnelles et environnementales

– la durée et intensité de l’exposition au traumatisme

– le soutien reçu pendant et après l’expérience traumatique

Traitement

Le TSPTC nécessite une approche thérapeutique spécialisée dont les objectifs sont d’atténuer les symptômes, améliorer le fonctionnement social et professionnel, renforcer la résilience.

Recherches et avancées récentes

Les recherches actuelles sur le traumatisme complexe et les violences sexuelles sur mineurs continuent d’approfondir notre compréhension de ces phénomènes. Les domaines d’étude en expansion sont :

– la neurobiologie du trauma

– l’épigénétique et la transmission intergénérationnelle du trauma

– les interventions précoces et la prévention

– des approches culturellement adaptées du traitement du trauma

FAQ

Vos questions

sur l’inceste

L’impact neurobiologique de l’inceste est particulièrement sévère en raison de la nature répétitive et prolongée des abus, ainsi que du lien de confiance violé avec l’agresseur. Cette trahison profonde peut affecter durablement la capacité de la victime à former des relations saines et à faire confiance aux autres.

La mémoire traumatique liée à l’inceste peut se manifester de manière fragmentée et désorganisée. Les souvenirs peuvent être incomplets ou survenir sous forme de sensations corporelles, d’odeurs ou d’émotions intenses, sans contexte narratif clair. Ce phénomène est lié à la façon dont le cerveau encode les expériences traumatiques sous stress intense.

Le concept de « trauma complexe » est souvent appliqué aux survivants d’inceste. Il reconnaît les effets cumulatifs des traumatismes répétés et prolongés, qui peuvent affecter le développement de la personnalité, l’identité et la régulation émotionnelle. Les survivants d’inceste peuvent développer des mécanismes d’adaptation inadaptés, tels que la dissociation chronique, l’hypervigilance ou des comportements à risque, comme moyen de gérer leur détresse émotionnelle. Le processus de guérison après un inceste est souvent long et non linéaire. Il peut impliquer des phases de déni, de colère, de dépression et finalement d’acceptation et d’intégration de l’expérience traumatique.

La thérapie pour les survivants d’inceste nécessite souvent une approche multidimensionnelle, abordant non seulement les symptômes du TSPT, mais aussi les questions d’attachement, d’estime de soi et de relations interpersonnelles.

La résilience est un aspect important à considérer. Malgré la gravité du traumatisme, de nombreux survivants parviennent à développer une force intérieure remarquable et à trouver un sens à leur expérience, souvent en aidant d’autres victimes.

La guérison implique souvent de reconstruire un sentiment de sécurité interne et de reprendre le contrôle sur sa vie, ce qui peut être particulièrement difficile pour les victimes d’inceste dont le sentiment de sécurité a été fondamentalement brisé dans leur environnement familial.

Le moment où les symptômes du trouble de stress post-traumatique (TSPT) se manifestent peut varier considérablement. Ils peuvent se manifester immédiatement après le traumatisme, mais il est également fréquent qu’ils apparaissent plusieurs mois ou années plus tard. Dans certains cas, les troubles peuvent même rester latents pendant des décennies avant de se révéler.

Divers éléments peuvent déclencher l’apparition ou la résurgence des symptômes. Un nouvel événement traumatisant peut faire ressurgir les symptômes liés au trauma initial. Un choc émotionnel, même sans lien direct avec le trauma initial, peut également être un déclencheur. Des changements de vie majeurs, comme un mariage ou la naissance d’un enfant, peuvent aussi activer les symptômes.

Plusieurs facteurs influencent l’apparition des troubles, notamment l’âge au moment du trauma, la durée et l’intensité des violences, le soutien reçu ou non après les événements, et les mécanismes de défense développés par la victime.

Les symptômes tardifs peuvent parfois être confondus avec d’autres troubles psychologiques et peuvent être difficiles à relier au traumatisme initial, même pour la victime elle-même.

C’est pourquoi il est crucial d’assurer un suivi à long terme. Une vigilance continue est nécessaire, même des années après le trauma, et une prise en charge précoce peut être bénéfique, même en l’absence de symptômes immédiats. Cette variabilité dans l’apparition des troubles souligne l’importance d’une sensibilisation et d’un accompagnement à long terme pour les survivants d’inceste.

La thérapie joue un rôle crucial dans le traitement du traumatisme. Elle offre un espace sécurisé où les victimes peuvent explorer et traiter les émotions et les souvenirs liés à leur expérience traumatique. Plusieurs approches thérapeutiques se sont révélées particulièrement efficaces dans ce domaine.

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est l’une des méthodes les plus utilisées et validées scientifiquement. Elle aide les patients à identifier et modifier les schémas de pensée et de comportement négatifs associés au traumatisme. Cette approche peut aider à réduire les symptômes du TSPT et à améliorer la qualité de vie globale.

L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) est une autre technique spécialisée qui a montré des résultats prometteurs dans le traitement du traumatisme. Cette méthode utilise des mouvements oculaires bilatéraux pour faciliter le traitement des souvenirs traumatiques et réduire leur impact émotionnel.

La thérapie centrée sur le traumatisme est une approche qui met l’accent sur la compréhension de l’impact du traumatisme sur la vie du patient et sur le développement de stratégies pour y faire face. Elle peut inclure des éléments de psychoéducation, de gestion du stress et de techniques de régulation émotionnelle.

Ces approches thérapeutiques, ainsi que d’autres méthodes spécialisées, peuvent aider les survivants à traiter leur traumatisme, à développer des mécanismes d’adaptation sains et à retrouver un sentiment de contrôle et de sécurité dans leur vie. Le choix de la méthode dépend souvent des besoins individuels du patient et de la nature spécifique de son traumatisme.

De nombreux ouvrages, écrits par des experts du domaine, fournissent des explications approfondies et des conseils pratiques pour comprendre et gérer le traumatisme.

Des ateliers et des séminaires sont souvent organisés par des professionnels de la santé mentale, offrant une opportunité d’apprentissage interactif et de partage d’expériences. Les organisations dédiées au soutien des victimes de traumatismes sont également une excellente source d’information, proposant souvent des formations et des ressources éducatives.

Pour les proches de personnes traumatisées, des organisations spécialisées offrent un soutien spécifique et des informations adaptées à leur situation. Ces ressources peuvent aider à comprendre comment soutenir efficacement un être cher tout en prenant soin de sa propre santé mentale. Des groupes de soutien dédiés aux familles et amis de victimes de traumatismes existent également, offrant un espace de partage et d’entraide précieux.

En explorant ces diverses ressources, il est possible d’acquérir une compréhension approfondie du traumatisme, facilitant ainsi le soutien et la compréhension envers les personnes affectées.

Citations

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Les impacts d’un traumatisme relationnel complexe sont vastes, variés et propres à la personne qui en fait l’expérience. Aucune description toute faite n’existe. Il est tout à fait possible que deux enfants, qui grandissent dans le même foyer où le traumatisme relationnel a eu lieu, aient des réponses très différentes en raison de nombreux facteurs, y compris, mais sans que cette liste soit exhaustive, le tempérament et les ressources de l’enfant, la durée et l’intensité de l’exposition au traumatisme, le type de traumatisme et le soutien dont il a bénéficié pour le gérer, etc.