Soutenir un proche

FAQ des proches

Faut-il dévoiler l’inceste ?

Si le dévoilement de l’inceste est une étape très difficile pour tous les membres de la famille, c’est un moment crucial pour la victime.
Les proches constituent un soutien important pour la victime car ils influent sur le processus de résilience. Une réponse inadaptée peut par contre avoir un effet néfaste et amplifier ce qu’elle ressent déjà.

Il est nécessaire de s’assurer que la victime a du soutien, de l’aide, et qu’elle y est préparée. Elle doit être consciente des diverses réactions auxquelles elle devra faire face : agressivité, déni, fuite, minimisation, rejet, etc., mais aussi de ses propres réactions. En effet, en parler peut faire transitoirement resurgir l’état de choc.

Les conséquences sont extrêmement coûteuses pour la victime et pour la société. Sans soutien et dans un contexte de tabou, elle peut s’isoler encore plus, se rétracter à cause des pressions sociales et familiales, ou même en arriver au suicide.

Bien qu’il n’y ait pas de réponse universelle à cette question du fait que chaque situation est unique et dépend des circonstances et des besoins individuels de la victime, il est en général bénéfique pour la victime d’en parler à un proche de confiance, si elle se sent à l’aise pour le faire. Cela peut aider la victime à se sentir soutenue, comprise et entendue.

Il est important de noter que la victime ne devrait jamais se sentir forcée ou jugée de parler de son expérience. C’est à elle de décider quand et à qui elle souhaite en parler. Si elle ne se sent pas prête ou en sécurité pour le faire, il est important de respecter sa décision.

Il peut être utile pour la victime de parler à un professionnel de la santé mentale formé en matière de violences sexuelles. Un thérapeute peut aider la victime à travailler sur les émotions difficiles liées à son expérience, à reconstruire une image positive d’elle-même et à élaborer des stratégies pour faire face aux défis qu’elle rencontre.

Nous préconisons donc d’encourager le dévoilement de l’inceste, quelque soit l’âge, et d’autant plus chez les enfants, de manière à les sortir de cet enfer et de réduire la gravité des séquelles. L’inceste est un crime qui doit être non seulement dévoilé, mais également déclaré aux autorités.

La victime doit-elle suivre une thérapie ?

Comme nous l’avons vu, l’inceste provoque un traumatisme chez la victime et, paradoxalement, la victime peut ne pas en être consciente. Elle sait pertinemment qu’un mal la ronge, mais elle n’est pas forcément au courant que ce qu’elle vit fait partie des conséquences dues à la modification de la structure de son cerveau.
Comprendre cela peut aider à avancer, mais il est recommandé d’avoir du soutien, et plus particulièrement un soutien psychologique pour ”déprogrammer” le cerveau. Les sentiments sont nombreux et préjudiciables pour la survie de la victime : peur intense, colère, agressivité, honte, humiliation, dépression, tristesse, solitude, sentiment d’être incompris, intolérance au contact physique, culpabilité -d’avoir ou de ne pas avoir réagi, fait certaines choses-, sentiment d’être sali, désorganisation, anxiété, dissociation, dépersonnalisation, déréalisation, douleur physique, pensées envahissantes, isolation, contrôle des soi et des événements, hyperactivité ou apathie, mort intérieure, etc.

Le conseil d’une thérapie pour les victimes d’inceste est ainsi recommandé car les traumatismes liés à ce type de violence peuvent avoir des effets durables et complexes sur la santé mentale et physique de la victime.

Une thérapie peut aider la victime à travailler sur les émotions difficiles liées à son expérience, à reconstruire une image positive d’elle-même, à développer des stratégies pour faire face aux défis qu’elle rencontre et à surmonter les symptômes de stress post-traumatique.

Il est important de noter que le choix de suivre une thérapie doit être une décision personnelle et doit être prise en fonction des besoins individuels de la victime. Les professionnels de la santé mentale formés en matière de violences sexuelles peuvent aider la victime à évaluer ses options et à trouver le type de thérapie qui convient le mieux à ses besoins. Avec l’aide d’un thérapeute, la victime peut, entre autres :

  • arriver à ressentir, reconnaître ses émotions et les exprimer
  • travailler sur la honte, la culpabilité, la peur, le dégoût, la souffrance, la colère, le sentiment d’être salie et toute autre émotion gravée en elle, dans le but de rétablir une meilleur estime de soi
  • travailler sur l affirmation de soi et sur sa relation aux autres
  • se préparer à se libérer de ce secret et travailler sur la réaction des proches lors du dévoilement
  • commencer à se reconstruire et à se projeter autrement dans l avenir

Dans le cadre de l’inceste, du trauma et de l’ESPT, les thérapeutes reconnus sont :

  • les psychiatres qui assurent une psychothérapie et peuvent prescrire des traitements adaptés
  • la psycho-traumatologues spécialisés dans les troubles de l’ESPT
  • les thérapeutes en TCC par une approche cognitivo-comportementale
  • les thérapeutes en EMDR qui travaillent par le biais de mouvements oculaires
  • les thérapies interpersonnelles de groupe, spécifiques pour les victimes d’inceste

Où trouver de l’aide ?

Quelle que soit votre situation, ne restez pas seul(e), et ne gardez pas cela pour vous. Etre accompagné est primordial pour soutenir un proche et/ou pour pouvoir ensuite se reconstruire en tant que victime. Pour cela, et suivant l’étape où vous en êtes, vous pouvez faire appel aux ressources disponibles pour les victimes d’inceste et de violences sexuelles :

  1. Les Centres d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles (CIDFF) : ces centres offrent une gamme de services aux femmes, y compris des informations juridiques, sociales et psychologiques. Les CIDFF sont répartis dans toute la France.
  2. Les associations de lutte contre les violences sexuelles : plusieurs associations spécialisées proposent une aide juridique et psychologique aux victimes de violences sexuelles.
  3. Les centres d’accueil et d’écoute : plusieurs centres d’accueil et d’écoute spécialisés dans les violences sexuelles existent en France, tels que les Centres d’Accueil en Urgence pour les Femmes Victimes de Violences, les Centres d’Accueil et de Soins Hospitaliers (CASH), ou encore les Maisons des Femmes.
  4. Les professionnels de la santé mentale : les professionnels de la santé mentale, tels que les psychologues, les psychiatres ou les psychothérapeutes, peuvent fournir une aide et un soutien aux victimes d’inceste et de violences sexuelles.

Il est également possible de contacter le numéro national d’urgence pour les victimes de violences conjugales et sexuelles, le 3919, qui est gratuit et anonyme. Les victimes peuvent également se rendre dans un commissariat de police ou une gendarmerie pour porter plainte.

Pour demander une prise en charge de suivi psychiatrique, renseignez-vous sur l’ALD 100 % sévices sexuels

de l’entourage

Comment aider une victime d’inceste ?

Lorsqu’un proche est victime d’inceste, le soutien que vous lui apportez est crucial pour son rétablissement, sa re-construction. Voici quelques conseils pour aider efficacement :

Écoutez avec compassion

Offrez une oreille attentive et un cœur ouvert. Laissez la victime s’exprimer à son rythme sans la presser de donner des détails.

Croyez et validez

Prenez ce que dit la victime au sérieux et validez ses sentiments. La croyance en sa parole est un puissant catalyseur de guérison.

Offrez un soutien constant

Soyez présent et offrez votre soutien sur le long terme. La guérison est un processus qui prend du temps.

Encouragez l’aide professionnelle

Suggérez doucement de chercher un soutien professionnel, mais sans forcer la main. Le choix doit venir de la victime.

Informez-vous

Apprenez-en plus sur l’inceste et ses impacts pour mieux comprendre ce que vit la victime.

Respectez la confidentialité

Gardez les informations partagées par la victime privées, sauf si elle souhaite ou accepte d’autres formes de soutien.

Soyez patient

Comprenez que la re-construction peut impliquer des hauts et des bas. Soyez patient et évitez de montrer de la frustration.

Ressources

Groupes de Soutien et Associations pour les proches

UNAFAM (Union Nationale de Familles et Amis de Personnes Malades et/ou Handicapées Psychiques) : Propose des groupes de soutien et des formations pour les proches.

Association Phare Enfants-Parents : Offre un soutien aux parents confrontés à la souffrance psychique de leur enfant.

France Victimes : Peut orienter les proches vers des associations locales qui offrent du soutien et de l’accompagnement.

Informations pour les aidants

Psycom : Un site d’information sur la santé mentale qui propose des guides et des ressources pour les aidants.

Consultations Professionnelles

Thérapeutes privés : Les proches peuvent également chercher un soutien individuel auprès de psychologues ou de psychothérapeutes en pratique privée.

Applications Mobiles

7 Cups : Application qui offre un accès à des écoutes gratuites par des bénévoles et des thérapeutes professionnels (disponible en français).

Livres et Publications

Guides et livres sur le soutien aux proches : Des ouvrages dédiés au rôle des aidants et à la gestion de leur propre santé mentale peuvent être utiles.

Formations et Ateliers

Formations aux premiers secours en santé mentale (PSSM) : Pour apprendre à réagir efficacement aux situations de crise et prendre soin de sa propre santé mentale. Plusieurs lieux proposent ces formations, dont : PSSM France, INFIPP, Croix Rouge, Changer les mentalités, Santé Psy Jeune, etc.

La Croix Rouge propose un Guide des Premiers secours psychologiques que vous pouvez consulter en ligne.