violences sexuelles intra et extrafamiliales sur enfants

violences sexuelles intra et extrafamiliales sur enfants

Contexte : Les violences sexuelles sur enfants restent un problème accentué par la difficulté de détection. L’objectif de cette étude était de comparer les données intrafamiliales (IF) et extra-familiale (EF) de violences sexuelles à l’égard des enfants, à la recherche de variables différentielles qui pourraient permettre une meilleure intervention et une meilleure prévention.

Résultats : Les violences sexuelles intrafamiliales (IF) sont significativement plus susceptibles de se produire à plusieurs reprises, avec un retard plus important dans leur révélation, et avec des victimes plus jeunes

Le handicap mental était plus fréquent chez les victimes de violences sexuelles extrafamiliales (EF).

La proportion de familles recomposées était plus élevée, avec plus de dossiers juridiques, et plus d’antécédents de violences domestiques parmi les familles de victimes de violences sexuelles, avec des dossiers juridiques, et plus d’antécédents de violence domestique.

Et même dans les cas de violences sexuelles EF, 78 % des agresseurs étaient connus des victimes; dans environ 80 % des cas, l’agression a été signalée par un membre de la famille.

Conclusion : Les résultats soulignent la nécessité de poursuivre le développement de programmes de détection dans les écoles, la police ou les milieux de la santé, car les signalements par les professionnels sont rares.

La maltraitance des enfants inclut les différentes formes de violences physique, sexuelles et psychologiques, la négligence et l’abandon. Enfant Les agressions sexuelles sur enfants (CSA) est également un terme général décrivant un large éventail d’événements dont les caractéristiques varient, tels que l’âge de la victime, la relation avec l’auteur, ou le type de violence (Ventus, Antfolk, & Salo, 2017). (…)

D’après la synthèse des recherches (Gekoski, Davidson, & Horvath,2016), il est possible de conclure que la majorité des CSA sont intrafamiliaux (IF). Ces cas ont des conséquences plus graves et une corrélation plus forte avec le cycle de la violence. Dans les CSA-IF, les filles sont plus susceptibles d’être victimes, et bien que les familles puissent être de tous types socio-économiques, les études dépeignent généralement les familles dysfonctionnelles. (…)

Au Canada, sur 1 037 archives de police (Fischer & McDonald, 1998), la prévalence est de 44 % pour les violences sexuelles IF. Ces travaux indiquent une apparition plus précoce et une durée plus longue de ce type de violences. Les victimes IF (6,98 ans) sont plus jeunes que les victimes EF (9,88 ans) au moment des premiers violences.victimes (9,88 ans) au moment des premiers abus. En outre, seulement 23,5 % des cas IF contre 62,4 % des cas EF ont été limités à un seul événement. Concernant la révélation et les circonstances entourant les agressions, une plus grande proportion de victimes n’en a pas parlé (17,7 % contre 10,9 %), on rencontre une plus grande résistance des familles à la révélation (10 % contre 3 %) et une moindre présence de témoins (17 % contre 30 %) parmi les victimes IF. Et pas de différences quant au sexe de la victime (45 % des garçons et 43 % des filles ont été agressées par des auteurs IF). (…)

Dans une récente méta-analyse développée à partir de 62 travaux empiriques sur un échantillon total de 14 494 victimes (Ventus et al., 2017), il est apparu que les violences sexuelles IF sont associées à une survenue plus précoce, plus fréquente et plus durable, ce qui les rend plus insistantes et physiquement intrusives (plus les épisodes de violence sont nombreux, plus il est probable qu’ils impliqueront force et/ou contact) (…)

D’une manière générale, on peut affirmer que les révélations sont moins nombreuses et qu’il existe plus de problèmes liés à la révélation parmi les victimes de violences sexuelles IF. Ces violences durent plus longtemps et il y a un délai plus important entre le début des agressions et les témoignages officiels. De nombreuses différences apparaissent en matière de révélation. Des estimations globales (Londres, Bruck, Wright, & Ceci, 2008) montrent qu’environ 55 % à 66 % des victimes ne révèlent jamais les violences sexuelles subies, et seuls 5 à 13 % les déclarent aux autorités. Selon Lahtinen, Laitila, Korkman, & Ellonen (2018), le taux de révélation dans une enquête menée en Finlande auprès 11 364 participants de sixième et neuvième année (avec une prévalence d’agressions de 2,4%) était de 86%. Néanmoins, seulement 26 % d’entre eux l’avaient révélé à un adulte, et 12 % aux autorités. Ils ont souligné que si les enfants victimes ne mentionnent ces événements qu’auprès de leurs pairs (48%), il est fort probable que l’agression sexuelle persiste et qu’aucune intervention ne se fera rapidement. Il a été signalé (Lev-Wiesel & First, 2018) que plus les cas de CSA sont graves, plus la la volonté de les divulguer est moindre, et que les garçons sont plus réticents à révéler toute forme d’agression (voir aussi McElvaney, 2015). (…)

Les agressions répétitives représentent 70,6 % de l’échantillon global. Les cas d’agressions répétitives sont significativement plus élevés chez les victimes de violences sexuelles IF (88,9%) que parmi les victimes EF (55,7%). Les chiffres d’agressions répétitives sont 6,3 fois plus élevés dans les cas IF. Le temps écoulé entre la première agression et la révélation ou l’intervention de la police était sensiblement plus élevé dans les cas IF que dans les cas EF . Soixante-et-onze pour cent des cas IF ont duré plus d’un an, tandis que 76 % des cas EF ont duré moins d’un an. Le délai de divulgation supérieur à un an est 8,1 fois plus important dans les cas IF. Vingt-quatre pour cent des cas IF ont perduré plus de quatre ans, contre 5,8 % des cas EF. En effet, un taux de 10 % des cas IF ont duré plus de neuf ans. Il n’y a pas eu de différences en matière de type d’agression sexuelle, et dans les deux groupes, l’informateur principal/le plaignant était un membre de la famille (principalement la mère ou le père).

Il n’y a pas de différences dans la détection par les professionnels (14,1 % contre 15,6 %) ou par la famille/les amis (85,9 % contre 84,4 %) entre les 2 groupes. Parmi les cas IF, 42,4 % des victimes avaient moins de neuf ans et 76,7 % avaient moins de 12 ans. Près de cinquante pour cent des victimes de violences sexuelles EF avaient 12 ans ou plus. Ainsi, les victimes de l’IF sont plus jeunes au moment de l’agression, et plus la victime était âgée, moins les cas IF sont fréquents. Bien que la prévalence des femmes soit légèrement plus élevée parmi les cas IF, la différence n’est pas statistiquement significative.

En ce qui concerne les antécédents familiaux, dans les cas de violences sexuelle IF, il y a beaucoup plus de dossiers juridiques, de problèmes de violence domestique et d’antécédents d’agressions sexuelles. Les familles étaient comparables dans les deux groupes en ce qui concerne les antécédents de santé mentale, de toxicomanie et de problèmes économiques, mais il y avait davantage de familles recomposées au sein de l’IF et davantage de services de garde d’enfants au sein de l’EF. Presque tous les agresseurs étaient des hommes, sans différence d’âge entre IF et EF. Dans les deux groupes, la plupart des auteurs du crime n’avaient pas de condamnations antérieures. Pour les violences IF, les agresseurs étaient des membres proches de la famille dans 21,1 % des cas. Parmi les cas EF, 20,7 % des agresseurs étaient des inconnus et 79,3 % étaient des connaissances (…)

Discussion

Certaines des différences décrites sont censées être liées à des conséquences plus graves pour les victimes de violences sexuelles intrafamiliales, bien que nous n’ayons pas pu le confirmer. Plus de secret et moins de visibilité permettent aux agressions sexuelles de se produire de manière plus continue, ce qui retarde leur révélation, et rendent difficile la découverte par des tiers (Magalhães et al., 2009). Les cas de violences sexuelles IF dure plus longtemps du fait que la victime soit plus présente (Mian et al., 1986). Selon des études antérieures, le fait que la victime subisse de plus nombreuses agressions rendent ces cas potentiellement plus préjudiciables, ces conséquences résultant non de la relation (et de la trahison), mais de la répétition et de la durée des abus (Fischer & McDonald, 1998 ; Ventus et al., 2017).

Adapté et traduit par courtoisie de PubMed

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