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Le Circuit Cérébral À L’origine Des États De Dissociation

Résumé 

Les scientifiques ont identifié le circuit cérébral jouant un rôle clé dans l’expérience singulière qu’est l’état de dissociation qui se traduit par des sensations de déconnexion du corps et de la réalité

Il n’est généralement ni rare ni préoccupant de se perdre dans un livre captivant ou dans ses pensées.  En revanche, cela devient perturbant lorsque le sentiment d’être transporté est si intense qu’on a l’impression d’être littéralement séparé de son esprit ou de son corps.

Au cours de sa vie, selon Karl Deisseroth, MD, PhD, professeur de bio ingénierie, de psychiatrie, des sciences du comportement, et chercheur au Medical Institute Howard Hugues, entre 2% et 10% de la population connaitra cet état singulier connu sous le nom de dissociation.

« Cet état se caractérise généralement par la sensation d’être à l’extérieur et d’observer l’intérieur de la cabine de pilotage de l’avion que sont votre corps et votre esprit – et ce que vous observez ne semble pas être pas vous-même »,  explique Deisseroth.

Presque trois individus sur quatre qui vivent un évènement traumatique connaitront cet état de dissociation au cours de l’évènement, ou dans les heures, les jours ou les semaines qui suivent, selon Deisseroth. Pour la plupart, ces états de dissociation disparaissent d’eux-mêmes quelques semaines après le traumatisme. Mais la dissociation peut devenir chronique et extrêmement perturbante – notamment chez les patients souffrant de troubles de stress post-traumatique ou d’autres troubles neuropsychiatriques.

Étant donné que l’élément déclencheur, et prolongateur, au niveau cérébral reste inconnu, il est difficile de savoir comment y mettre fin. « Afin de mettre au point des traitements et de comprendre la biologie, on avait besoin d’en savoir plus », a affirmé Deisseroth.

Actuellement, dans une étude qui sera publiée en ligne le 16 septembre dans Nature, Deisseroth et ses collègues de l’université de Stanford ont dévoilé des facteurs de nature moléculaire et des dynamiques neuronales à l’origine de la dissociation.

« Cette étude a identifié le circuit cérébral jouant un rôle dans une expérience subjective définie avec précision », a déclaré Deisseroth. « Au-delà de ses potentielles implications médicales, cela mène à la question suivante « Qu’est-ce que le soi ? ». Il s’agit d’un sujet d’une grande importance dans le monde juridique et littéraire, ainsi que pour notre propre introspection. »

Deisseroth, professeur D.H. Chen et psychiatre en exercice, est l’auteur principal de l’étude. L’étudiant de troisième cycle Sam Vesuna et le chercheur postdoctoral Isaac Kauvar, PhD, sont à la tête de l’élaboration de l’étude.

Les résultats, qui suggèrent qu’une protéine spécifique dans un ensemble particulier de cellules joue un rôle essentiel dans l’état de dissociation, pourraient mener à l’élaboration de traitements mieux adaptés à des patients déjà atteints de troubles comme le stress post traumatique ou d’autres maladies qui favorisent l’apparition de la dissociation, comme la personnalité borderline et l’épilepsie.

La sensation de dissociation d’un patient

Les chercheurs ont anticipé ce rapport cerveau-esprit non seulement en observant les cerveaux et comportements des souris mais aussi au cours du traitement d’un patient atteint de crises chroniques au Stanford Comprehensive Epilepsy Program – Centre d’épilepsie de Stanford. Le patient avait signalé avoir senti un état de dissociation immédiatement avant chaque crise. (Une telle sensation avant une crise est nommée aura). Le patient a décrit cette aura comme se trouvant « en dehors du poste de pilotage, observant sans contrôler les commandes, » a expliqué Deisseroth.

Les chercheurs ont enregistré des signaux électriques présents dans le cortex cérébral du patient et l’ont stimulé de façon électrique afin d’essayer d’identifier le point d’origine des crises. Au cours de l’expérience, le patient a répondu aux questions concernant ses sensations.

Chaque fois que le patient était sur le point d’avoir une crise, les auteurs de l’étude ont découvert qu’elle était précédée non seulement d’une aura dissociative mais aussi d’un fonctionnement précis de l’activité électrique localisée dans le cortex postéro médian du patient. L’activité s’est caractérisée par un signal d’oscillation généré par des cellules nerveuses fonctionnant en coordination à une fréquence de 3 hertz, soit à trois cycles par seconde. Lorsque cette région recevait des stimulations électriques, le patient ressentait l’aura de dissociation sans connaitre de crise. 

Les scientifiques ont examiné les effets de la kétamine sur les souris. Le médicament est connu pour déclencher des états de dissociation chez les humains. Les souris ne peuvent pas décrire leurs ressentis. Cependant, avec une dose de kétamine suffisante, elles adoptaient un comportement qui laissait croire qu’elles vivaient une sorte de dissociation, soit un détachement entre la perception de nouvelles sensations et une réponse émotionnelle plus complexe à ces sensations. Lorsqu’elles étaient positionnées dans une zone chaude et inconfortable, les souris ont indiqué qu’elles pouvaient sentir la chaleur ; elles y ont donc répondu automatiquement en donnant des coups de pattes. Elles ont réagi comme si cela ne les ennuyait pas suffisamment pour adopter leur comportement habituel dans de telles situations : lécher leurs pattes pour les refroidir.

Provoquer un état de dissociation avec l’optogénétique

Les chercheurs ont utilisé l’optogénétique, une technique permettant aux scientifiques de stimuler ou d’inhiber l’activité neuronale en utilisant la lumière, afin d’exciter les neurones dans un cortex postéro médian équivalent à celui des souris. Selon les chercheurs, mettre en pratique cette méthode à une fréquence de 3 hertz pourrait déclencher un état de dissociation chez des animaux qui ne consomment pas de médicament. D’autres expériences ont montré qu’un type de protéine particulier, le canal ionique, joue un rôle essentiel dans le déclenchement du signal de fréquence à 3 hertz et dans l’état de dissociation des souris. Cette protéine pourrait faire l’objet d’un traitement potentiel.

Source : Stanford

Traduction de courtoisie par Fayza depuis Science Daily

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