La honte dans le syndrome de stress post-traumatique complexe

S’affranchir de la honte

Les traumatismes de l’enfance peuvent aller du fait d’avoir été confronté à une violence et à une négligence extrêmes jusqu’au sentiment de ne pas être à sa place, de ne pas avoir été désiré, ou de se sentir incompris de manière permanente. Vous avez sans doute grandi dans un environnement où votre curiosité et votre enthousiasme étaient constamment dévalorisés. Peut-être avez-vous été élevé dans une famille où vos parents avaient des traumatismes non résolus, ce qui les empêchait de répondre à vos besoins affectifs. Ou, vous avez peut-être été victime de violences sexuelles ou physiques. Dans tous les cas, il est courant de développer des défenses par rapport à vos sentiments les plus sensibles.

Lorsque les traumatismes de l’enfance se poursuivent au fil du temps et ne sont pas traités, une forme de stress post-traumatique appelé SSPT complexe (SSPT-C) peut apparaître. Cela a des conséquences considérables sur la santé mentale et émotionnelle. Il est donc compréhensible d’éprouver des sentiments d’impuissance et de honte dans le cadre d’un SSPT complexe.

 » Pour se reconstruire, la plupart des personnes atteintes du SSPT doivent affronter désespoir, émotions douloureuses et sensations intolérables. Parcourir ces domaines exige des conseils avisés. Il n’est que trop commun de se retrouver bloqué dans des schémas d’évitement, de sombrer dans le désespoir ou d’être prisonnier de ses pensées négatives. Vous pouvez vous libérer de la honte et de l’impuissance. Ce processus exige douceur, acceptation et persévérance. »

Impuissance acquise

Lorsqu’il n’y a aucun moyen de mettre fin à ces violences, aux violences conjugales ou de convaincre un parent d’arrêter de boire, l’enfant se sent impuissant. Les traumatismes prolongés de l’enfance se caractérisent par un état d' »impuissance acquise ». Ce terme a d’abord été employé pour décrire comment les animaux exposés de façon répétée à un choc inévitable ne tentent pas de s’échapper, même s’ils en ont la possibilité. Le Dr Martin Seligman, psychologue et chercheur à l’Université de Pennsylvanie, a plus tard étendu la compréhension de l’impuissance acquise aux personnes qui se sentent et se comportent d’une manière impuissante lorsqu’elles n’ont aucun contrôle sur une situation de menace.

Lorsque vous avez été élevé par des personnes qui ne sont pas dignes de confiance, il est courant de généraliser votre expérience – vous avez l’impression qu’on ne peut faire confiance à personne ou que la vie est dangereuse. Au fur et à mesure que vous vous débarrassez du SSPT, il est important de comprendre que vous êtes désormais en sécurité et que vous pouvez faire des choix maintenant. Vous n’êtes plus enfermé dans l’impuissance de votre passé.

Reconnaître la honte

La honte se caractérise par la croyance suivante : « Je suis une mauvaise personne ». Cette émotion est le résultat d’une perception faussée de vous-même selon laquelle vous êtes sans valeur, endommagé ou que vous êtes défaillant. Pourquoi la honte est-elle si omniprésente ? Les jeunes enfants dépendent entièrement de leurs parents pour se sentir en sécurité et en harmonie avec leur environnement. Si vous aviez un parent violent, vous étiez confronté à un conflit majeur : votre pulsion biologique de rechercher le contact avec la personne à l’origine même de la terreur à laquelle vous essayiez d’échapper. Les adultes qui ont été maltraités ou négligés dans leur enfance ont souvent tendance à se blâmer eux-mêmes. Cela peut entraîner des sentiments de culpabilité et de honte permanents. Le thérapeute EMDR et auteur Dr Jim Knipe suggère que cette culpabilité est un lien direct avec la logique de l’enfance – les enfants se mettront à imaginer qu’ils sont de mauvais enfants face à leurs bons parents et éviteront ainsi de se confronter à la terrifiante réalité qu’ils sont en fait de bons enfants tributaires de mauvais parents.

Lorsque les parents sont menaçants, violents ou absents, les enfants peuvent se sentir perturbés et se demander qui est responsable de la situation. Quand les enfants sont témoins de faits graves, ils se sentent mal à l’aise. Les fausses croyances et les jugements tels que ceux qui suivent entretiennent le sentiment de honte dans le SSPT complexe :

 » Il y a quelque chose qui cloche chez moi ! »

« Je suis trop bête. »

« Je n’arrive pas à faire quoi que ce soit de bien. »

« Je suis une loque émotionnelle. »

« Je suis simplement paresseux. »

De plus, la honte est souvent cachée derrière le perfectionnisme. Enfant, vous avez peut-être intériorisé la croyance que vous deviez agir de manière irréprochable puisque vos parents ne pouvaient pas gérer vos véritables sentiments. Ou vous pensiez peut-être que le fait de bien vous comporter empêcherait le mal d’arriver. Dans un cas comme dans l’autre, il est possible que vous ayez eu à cacher vos véritables sentiments afin d’éviter de faire chavirer la barque. Le perfectionnisme est entretenu par un discours autocritique qui vise à réprimer les sentiments douloureux. Lorsque le critique intérieur vous reproche d’être paresseux, stupide ou inutile, vous vous retrouvez encore une fois confronté à la honte.

La résilience

Lorsque vous êtes conscient des messages que vous vous adressez, vous pouvez agir et commencer à éprouver votre douleur avec compassion. Penchons-nous sur quatre pratiques qui peuvent vous libérer de la honte :

– Examinez votre langage : Le Dr Dan Siegel, auteur de Mindsight, souligne la différence entre « je ne suis pas bien » et « je ne me sens pas bien ». Le premier énoncé reflète l’identification à une émotion douloureuse, tandis que le second énoncé permet de reconnaître un sentiment sans être accablé par celui-ci.

– Évitez les » je devrais » : Les » je devrais » sont une façon de cultiver le perfectionnisme, les attentes envers vous-même, et de répudier votre présence réelle. Vous pourriez dire : « Je devrais aller mieux depuis le temps », « Je ne devrais pas commettre d’erreurs » ou « Je devrais être fort ». Quand vous dites ou pensez le mot « devrais », je vous invite à prendre du recul et à vous concentrer sur l’acceptation de soi.

– Imaginez que la honte est du harcèlement : Voir la honte comme du harcèlement vous permet de vous protéger des émotions et de répliquer ! Comment vous sentez-vous quand le harcèlement vous rabaisse ? Qu’est-ce que vous voudriez que la honte sache ?

– Ressentez les sensations de honte dans votre corps : Souvent, le plus difficile dans la guérison de la honte est de tolérer les sensations ressenties dans votre corps. Il est difficile de décrire le « beurk » bien souvent intolérable qui accompagne souvent la honte. Il se peut que vous ressentiez une impression de naufrage ou une sensation vague, comme si vous aviez fait quelque chose de mal. Cependant, avec le temps, à mesure que vous augmenterez votre capacité à sentir votre corps, vous pourrez développer une plus grande variété de techniques pour bouger et respirer. Il y a énormément de pouvoir à reconquérir votre corps de la honte. Vous trouverez peut-être une posture qui vous procurera une sensation de force et de combativité, ou vous pourriez peut-être placer vos mains sur votre cœur dans un geste d’amour et de bienveillance.

Je vous invite à vous interroger sur la façon dont la honte se manifeste dans votre vie. Quelles pensées ou sensations accompagnent la honte pour vous ? Qu’est-ce qui vous aide à surmonter ou à vous libérer de la honte ? Pour terminer, je tiens à vous dire que pour guérir de la honte dans le cadre d’un SSPT complexe, travailler avec un thérapeute compatissant se révèle le plus souvent nécessaire. Il vous aidera à surmonter les obstacles et à vous affranchir du sentiment de honte.

Traduit par courtoisie du Dr Arielle Shwartz

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