émotionnellement engourdi

Comment se sent-on quand on est engourdi émotionnellement ?

En ébullition ?

Essayer de me connecter à un sentiment c’est, pour moi, comme essayer de faire de la braise avec du bois mouillé. Vous essayez, mais tout ce que vous obtenez, c’est de la fumée. Vous faites tout ce qu’il faut, mais sans braises au final. Il est ironique de constater qu’être incapable de ressentir ses émotions peut être comme marcher sur des charbons ardents.

Paradoxalement, se refuser de ressentir ses propres émotions peut être un bon mécanisme d’adaptation. Lorsque vous traversez une période particulièrement horrible, déchirante et traumatisante, le fait de bloquer les sentiments qui y sont associés peut parfois être bénéfique à votre réhabilitation et à votre reconstruction. Après avoir vécu des événements traumatisants, la survie est cruciale. Surtout lorsqu’il s’agit d’élever des enfants. Savoir rester calme et continuer à vivre n’est pas chose facile. Et je ne dis pas ça à la légère quand je dis que j’ai simplement mis mes sentiments de côté. Ce n’est pas aussi simple que cela. En fait, en de nombreuses occasions, ce n’était pas toujours un choix.

L’état d’esprit

Il y a trois états dans lesquels vous pouvez entrer en réaction à des événements traumatisants. Le premier de ces états étant le combat ; les cris, la colère, la rage, les larmes, en d’autres termes, un débordement complet des émotions. Un jaillissement de ce que vous avez subi. Ensuite, il y a la fuite, qui vous rend anxieux, agité et nerveux avec une inexplicable envie de vous échapper, tant métaphoriquement que physiquement. Puis, il y a la réaction de gel. Elle est plus fréquente qu’on ne le pense en réaction à un traumatisme. L’état de gel est un état d’engourdissement, un grand sentiment de lourdeur, l’incapacité de percevoir ses sentiments ou de s’y connecter. Toutes ces réactions, même si elles sont différentes les unes des autres, sont des réactions normales face à un traumatisme. C’est comme un réflexe.

Le mode « gel » a ses avantages, car il permet de faire preuve d’un certain degré d’adaptation, c’est un peu comme un étrange sentiment de déconnexion de soi, de ses pensées. Il est possible de continuer à avancer, mais cela affecte votre capacité à prendre des décisions. Cela vous rend indécis, confus et complètement engourdi.

Antigel

Cette sensation d’émotions engourdies peut se transformer en dissociation avec perte de connexion à soi-même sur plusieurs niveaux. Jusqu’à oublier qui vous êtes, où vous vivez, etc. J’ai vécu cela, probablement dans sa forme la plus douce. Après de nombreuses années de violence domestique, sans domicile fixe et autres difficultés, mon esprit a commencé à se couper de mes émotions. Je pouvais évoquer une situation, mais pas l’émotion qui lui était rattachée. En apparence, c’était bien. Cela signifiait que je pouvais fonctionner jour après jour, mais j’avais l’impression que la vie était un peu brumeuse. Parfois, je ne vivais pas pleinement les choses. Je ne me sentais pas complètement intégrée dans quoi que ce soit. Pas tout le temps en tout cas. Ce qui a conduit les gens à croire que j’étais sans doute froide (émotionnellement), et m’a également amenée à accepter plus que ce que je ne le devais. J’avais du mal à faire la différence entre bien et mal parce que je ne le sentais pas. Tout ce que j’avais pour m’aiguiller, c’était ma boussole morale et mes limites. Et mes limites étaient floues à ce stade. Comme je ne faisais pas attention à mes sentiments, j’ai commencé à avoir des crises de panique. Avec des rires hystériques, des pleurs intenses, une sensation hors du corps et un essoufflement. Ces épisodes d’anxiété étaient épuisants, mais ils ont libéré une accumulation d’émotions non résolues.

Je me suis perdue dans le brouillard

Il peut être difficile d’aborder ses sentiments enfouis. Ce n’est que depuis quelques années que j’arrive à identifier mes sentiments et à essayer de m’y accrocher. Écrire un journal intime émotionnel peut aider, en notant les mots qui viennent à l’esprit. Et le fait de constater les réactions physiques aux situations peut aussi être utile. Votre cœur bat la chamade ? Votre poitrine est serrée ? Cela peut vous aider à vous ancrer, à vous concentrer, au milieu du brouillard de votre esprit engourdi. Cela n’est pas si simple de se reconnecter à soi-même. Comment l’on se sent, ce que l’on veut. Lorsque l’on se déconnecte de tout ça durant des années, ça devient un automatisme. Mais vous donner la place de ressentir, et laisser les émotions vous remplir, à votre propre rythme, peut vous permettre de vous retrouver.

Traduit par courtoisie depuis CPSTD Foundation

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