convaincre les survivants d’agressions sexuelles que ce n’était pas de leur faute

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Mon Travail Est De Convaincre Les Survivants D’agressions Sexuelles Que Ce N’était Pas De Leur Faute

J’apporte mon soutien aux hommes qui ont subi des violences sexuelles, y compris ceux qui vivent dans la rue. Parfois, j’ai un peu de mal…

Lundi

Le fait de courir au travail – à Survivors UK, une organisation caritative qui soutient les hommes victimes de violence sexuelle – est crucial pour me préparer à cette journée. A mon arrivée, je me lave dans le lavabo (il n’y a pas de douche) et je rencontre l’un des conseillers indépendants en matière de violence sexuelle.

Son client, Bernie, a fait une tentative de suicide et nous réfléchissons ensemble à la façon dont nous pouvons l’aider. Il est en train de passer par le système de justice pénale ; cela engendre souvent un sentiment de colère et d’impuissance chez tout le monde.

Ensuite, je conseille quelques clients. Je m’inquiète pour Mark – ses pensées suicidaires ne cessent de croître parce qu’il ne peut pas voir ses enfants. Terry est terrifié à l’idée d’avoir des enfants, de peur que les gens pensent qu’il va en abuser. Jay est vraiment aux prises avec la drogue et le sexe, et il s’injecte de la méthamphétamine en cristaux au moins une fois par semaine. Ce sont là autant de façons différentes d’essayer de supporter l’impact de la violence sexuelle.

Mardi

Aujourd’hui, je travaille avec des clients qui sont hébergés dans des logements accompagnés, généralement des sans-abri qui ont été placés là. La consommation d’héroïne et de crack de Gary est inquiétante. Sans abri depuis l’âge de 13 ans après avoir fui un père alcoolique violent qui l’a agressé sexuellement, il a été victime d’un viol collectif dans la rue lorsqu’il était adolescent.

Gary pleure la perte de contact avec sa mère, qui a fait passer son père avant lui. Il est en colère et a l’impression qu’il n’a pas réussi à protéger sa mère de son père. « Je l’ai laissé me violer pour qu’il ne lui fasse pas de mal, mais il l’a violée aussi. » Comment lui faire comprendre qu’il était un enfant et que c’est son père qui est seul responsable ? Moi aussi, je suis en colère. Je rentre chez moi et je coupe des carottes pour la soupe. Ça aide.

Mercredi

Il y a un message de la personne qui gère notre webchat – le service de discussion en ligne. Elle a eu une conversation WhatsApp avec un jeune de 16 ans vivant au Pays de Galles qui lui a dit qu’il venait d’être violé. Il était désemparé et très indécis sur ce qu’il devait faire. Nous veillons à lui donner l’occasion de s’exprimer sur ce qui vient de se passer et à lui donner l’occasion de s’entretenir avec toutes les agences locales concernées.

Le soir, j’assiste à une pièce de théâtre suivie d’une table ronde de discussion. La représentation traite des traumatismes sexuels, du VIH, du chemsex, ou sexe chimique, de l’homophobie, ainsi que de la lutte pour créer des relations constructives avec ces drames en toile de fond.

Jeudi

De retour à Westminster, cette fois-ci avec des gens qui sont dans des foyers ou dans la rue. Je suis stupéfaite de la capacité des gens à survivre, compte tenu de leur passé et des circonstances actuelles. Barry a 50 ans. Enfant unique dont la mère avait de graves problèmes de santé mentale, il a été pris en charge par un foyer et y a été victime d’abus sexuels.

On se retrouve à Pret. Il hurle après un homme d’affaires en costume qui le fixe. Barry mesure 1,80 m, est de toute évidence sans abri et a un problème de toxicomanie. Lui et moi formons une sacrée paire au milieu de la foule à l’heure du déjeuner. Sa consommation de cannabis de synthèse explose. J’ajoute « m’occuper du cannabis??? » à ma liste de choses à faire.

Vendredi

De retour au bureau. Nous apportons nos conseils à une société de production télévisée sur la meilleure façon d’élaborer un scénario sur l’abus sexuel masculin. Internet est en panne et nous n’avons plus de sachets de thé. Je parle à une femme en colère qui estime que nous devrions faire davantage pour mettre fin aux abus sexuels dans l’enfance et à une autre personne qui semble suicidaire, mais qui, comme on a pu le constater en fin d’appel, était en train de se masturber au son de la voix pleine d’empathie que je lui portais. Je n’ai pas rayé une seule chose de ma liste.

Samedi

À bien des égards, le samedi est mon jour préféré de la semaine. J’anime une séance de groupe de survivants masculins. La pièce est électrique. La honte, l’isolement et l’auto-récrimination vacillent et échouent dans une étincelle de connexion, de sollicitude et de guérison.

Dimanche

Une journée de repos entre amis, des promenades solitaires qui nourrissent le cœur et l’âme, la lecture qui m’emmène dans des lieux magiques, la course à pied et les chats avec qui je partage ma maison. Je consulte mon téléphone professionnel pour lire un texte injurieux. Je prépare une tasse de thé.

Traduit par courtoisie de The Guardian

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