Mémoires préverbales dans le SSPT complexe
GUÉRIR LES TRAUMATISMES DE L’ENFANCE
Les événements traumatiques de la petite enfance comprennent les expériences de négligence, le sentiment de ne pas avoir eu votre place ou d’avoir été indésirable, ou de vous être senti constamment incompris. Vous avez peut-être grandi dans une famille où vos parents ont subi des traumatismes non résolus, ce qui a nui à leur capacité de répondre à vos besoins émotionnels. Ou, pour les situations plus extrêmes, vous avez peut-être été exposé à des agressions dangereuses. Le traumatisme chronique non résolu de l’enfance est appelé SSPT Complexe (SSPT – C).
Selon le psychologue et neuroscientifique, Dr. Allan Schore, nos premiers souvenirs préverbaux ne sont ni verbaux, ni stockés sous forme d’images. Au lieu de cela, ils existent en tant que schémas gestuels et sensations. Ce sont les fondations de nos premières relations représentées par la stimulation et l’émotion psychophysiologiques. Même lorsque l’enfant développe son langage, les souvenirs traumatiques sont souvent stockés de manière désorganisée. Si vous avez vécu un traumatisme pendant votre enfance, vous pouvez vous sentir accablé par une douleur physique et émotionnelle ou vous sentir hanté par des fragments de souvenirs troublants.
«Pour réussir à travailler avec les mémoires préverbales, il faut trouver un moyen d’accéder à l’expérience somatique liée à ces premiers échanges interpersonnels. Il est important de savoir que vous pouvez guérir du SSPT-C. Même si le chemin vers la guérison vous semble intimidant, rappelez-vous que tous les voyages commencent par un seul pas.’’
– Dr. Arielle Schwartz
SOUVENIRS PRÉVERBAUX
Nos premiers souvenirs, appelés mémoires implicites, reposent sur des systèmes cérébraux limbiques qui sont fonctionnels dès la naissance et dominants pendant les deux à trois premières années de la vie. Selon le psychiatre et auteur, Dr. Daniel Stern, nos souvenirs préverbaux renferment des représentations de nos premières relations – celles avec notre mère, notre père et nos tuteurs. Le système de mémoire implicite est la base de ce que l’on appelle parfois les «souvenirs corporels».
Le rôle des personnes tutrices est de déterminer les besoins physiques et émotionnels du nourrisson grâce à un synchronisme empathique. Ce processus aide à renforcer le sentiment intérieur de soi du bébé.
Dr. Schore, a inventé le terme «régulateur psychobiologique» reconnaissant qu’un tuteur assure le contrôle externe de la physiologie immature du nourrisson. Une telle régulation influence le tonus vagal. En d’autres termes, le système nerveux autonome de la mère «connecte» la physiologie du nourrisson impliquée dans les activités de régulation.
Les recherches du Dr.Ed Tronick auprès de mères souffrant de dépression ont indiqué qu’elles étaient plus susceptibles de mal interpréter les signaux de leurs enfants. Par exemple, si un bébé signale un besoin normal de se désengager, la mère déprimée peut se sentir rejetée, prendre une expression coléreuse, envahir les limites de l’enfant ou se dissocier. À ce stade, elle n’est plus disponible pour réguler les besoins du nourrisson. Afin de rester régulée, une mère doit être capable de reconnaître sa propre charge émotionnelle en s’accordant à ses sensations internes avec une réflexion sur soi. Elle utilise ce processus pour séparer sa propre histoire d’attachement précoce de celle présente avec son enfant. Elle pourrait se dire: «Ce sont des sentiments douloureux de mon passé, mais mon enfant ne me rejette pas. Je peux répondre à mes sentiments sans en rendre mon enfant responsable.» Dans cet exemple, la mère s’occupe de ses propres sentiments lui permettant de se comporter d’une manière qui aide à réguler la physiologie de l’enfant.
Les souvenirs implicites servent de fondement à un ressenti du sentiment de soi qui peut persister à l’âge adulte.
SOUVENIRS TRAUMATIQUES
Le psychologue américain Arthur Janov suggère que le traumatisme à la naissance est considéré comme une empreinte dans le système nerveux du nouveau-né et persiste à l’âge adulte. Ces mémoires flash ou empreintes sont des souvenirs qui ont tendance à revenir très distinctement et qui sont encodés lorsque vous êtes dans un état de peur, quel que soit votre âge. Une poussée d’adrénaline semble intensifier le stockage en mémoire des événements précédant l’événement traumatique. Janov a souligné la valeur des thérapies somatiques parce que l’empreinte de ces souvenirs ne peuvent être accessibles qu’en travaillant avec les sentiments de ressentis du corps.
Il est important de noter qu’une grande partie des recherches sur les mémoires flashs suggèrent qu’elles ne sont pas fiables et représentent rarement une réitération exacte des évènements originels. C’est parce que notre système de mémoire est malléable. Lors de la récupération d’une mémoire préverbale, il n’y a souvent qu’un sentiment de ressenti ou sensation de l’expérience originelle avec peu de ses détails. De plus, les souvenirs traumatiques sont souvent fragmentés et désorganisés, compromettant un récit cohérent du passé. En tant qu’êtres humains, nous sommes des conteurs d’histoires et remplissons les éléments manquant de la mémoire – nous avons un besoin fondamental de développer un récit qui soit cohérent avec notre sentiment du soi actuel.
Il est tentant autant pour les clients que pour les thérapeutes de projeter un récit sur des souvenirs corporels somatiquement vécus. Par conséquent, les thérapeutes doivent rester conscients de leur pouvoir et de leur influence et éviter une surinterprétation suggestive de l’expérience du client.
GUÉRIR UN TRAUMATISME PRÉVERBAL
Afin de travailler de façon efficace avec des mémoires préverbales, vous devez accéder à l’expérience somatique. Les modalités telles que la thérapie somatique et la thérapie EMDR offrent des outils précieux pour la guérison du SSPT-C. Les mots peuvent parfois interférer avec le contact du corps. Par conséquent, il est important de se connecter aux sensations en construisant une tolérance pour la conscience somatique. En thérapie, un clinicien qualifié est témoin du langage corporel du client mais ne l’interprète pas à sa place. Vous travaillez avec votre sentiment ressenti de la mémoire en décrivant l’expérience telle qu’elle existe dans le moment présent. Surtout, il n’est pas nécessaire de connaître toute la vérité sur un souvenir traumatique préverbal pour trouver la résolution du traumatisme.
Étant donné que les traumatismes de la petite enfance surviennent le plus souvent dans une relation, les interventions thérapeutiques sont plus efficaces dans le contexte d’une relation sûre, digne de confiance et compatissante. Lorsque vous travaillez avec un traumatisme de développement précoce, votre thérapeute vous aide à apprendre de nouveaux modèles de régulation grâce à un processus interactif instantané de communications verbales et non verbales. En apprenant à vivre dans le présent au lieu du passé, vous pouvez augmenter votre capacité à pratiquer quotidiennement l’amour et la compassion de soi.
Il est important de savoir que vous pouvez guérir du SSPT-C. Même si le chemin vers la guérison peut sembler intimidant, rappelez-vous que tous les voyages commencent par un premier pas.
Sources
Traduction de courtoisie par Rebecca Zandvliet depuis le site Dr Arielle Schwartz